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                   LE RECTEUR DE VALLFOGONA                          279
 années, durant lesquelles, ce fut presque toujours sa main qui épandit
 l'eau delà génération sur le front des nouveau-nés, et l'eau bénite
 sur les restes des défunts, vinrenten 1617 les fêtes pour la bénédic-
 tion de la chapelle de Santa Barbara (Sainte Barbe), patronne tuté-
laire de Vallfogona, en grande partie bâtie à ses frais. Il est facile de
 deviner combien en cette occasion les journées s'écoulèrent douce-
ment pour le Becteur, tantôt à veiller sur les travaux de construction,
tantôtà indiquer les sujets et la manière de les représenter à l'auteur
des sculptures, qui devaient couvrir les paroislatérales de la chapelle
et servir d'ornements au rétable, tantôt à composer la comédie de
cette sainte martyre que l'on devait représenter l'un des jours de
réjouissances, qui solemniseraient cet acto religieux, tantôt enfin
à ordonner, sans doute aidé de sa vieille mère, les préparatifs né-
 cessaires pour fêter les hôtes invités par lui. Nous n'avons conservé
aucun témoignage du concours des habitants des villages loin-
tains qui s'y rendirent attirés, les uns par leur dévotion à la sainte,
les autres par le désir d'assister à une représentation théâtrale.
Nous ne savons rien des cérémonies religieuses célébrées tant au
dehors qu'au dedans du temple rustique, sauf la messe dite par
l'abbé de Santas Greus, le B. P. José de Barbera, intime ami de
notre poète, — rien du bruit des cloches, des clameurs du peuple,
des harmonies de dulzainas et de gaitas pastorales. Le curé,
dévot de l'héroïque martyre, patronne de son église et de celle qui
lui avait donné l'être, ne voulut point que le temps effaçât tout
souvenir d'un si heureux événement ; il nous laissa en commémo-
ration la fameuse comédie, qui figure encore aujourd'hui, bien
que mutilée, dans ses œuvres imprimées, et l'inscription placée à
gauche de l'entrée de l'église, où tous ceux qui visitent aujour-
d'hui le village peuvent la déchiffrer1. »
   Ce fut là le seul événement un peu marquant de cette période
de la vie de Vicens Garcia. Jusqu'à son voyage à Madrid, que
M. Rubio place en avril 1622, d'après le témoignage du poète et
les données approximatives fournies par les registres de sa pa-
roisse, il vécut dans l'obscurité de son village. Les causes de ce
voyage nous sont inconnues. La tradition nous rapporte seule-

 * Rubio, pages 28 et 29.