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278 LA REVUE LYONNAISE huppé le fête de ses chants et de son vol. La perdrix caccabe et la tourterelle veuve pleure ses amours passés. Le moineau brun et le jaune verdier gazouillent et le triguero disparaît comme l'éclair. « Aux sons de cette musique je m'habille et incontinent je vois les fleurs argentées des pleurs de l'aube, je vois l'abeille qui butine de corolle en corolle pour me donner miel, cire et doux rayons. Je prends exemple sur la fourmi et louant sa prudence, je songe à garnir mes greniers sur ses bons avis. Puis je chasse parfois les oiselets à l'appeau, les perdrix au chien d'arrêt et avec les perdrix le perdreau, avec des filets et une escopette ces tourdres gras et fous qui chantant dans les vignes me montrent ou ils sont. Par les bruyères et les garrigues, je poursuis le chevreuil sauteur, le lièvre aussi timide que rapide sur son lit de gazon. « Quand je suis lassé, au gros de la chaleur, je m'assieds sous un arbre qui me sert de parasol. Et le soir je m'en vais, sur la rivière féconde, pêcher au filet ou au plomb, à la ligne ou à la nasse. Je pêche des barbots argentés, l'un petit, l'autre plus gros, la truite colorée, pleine d'œufs, la lamproie sans arêtes et sans os, les an- guilles qui s'échappent comme les occasions. « Puis je reviens à la maison ou je soupe sans bruit, l'été au frais, l'hiver près du feu. Quand il me plaît, je me couche, et aux chants des grillons le rossignol amoureux fait contre-partie. La nuit s'écoule sans rumeur et le silence me conserve un sommeil répara- teur. 0douce vie, oh! combien je suis heureux! je prie Dieu que mon malheur jamais ne m'éloigne de ces lieux. » Voilà la vie d'un prêtre de campagne peinte avec un naturel parfait, poétiquement sans doute mais très exactement; je ne crois pas que nos écrivains du temps aient connu cette rusticité, et, comme le bon recteur, aient su apprécier la bonhommie de la vie campagnarde. Ce n'est pas sans doute ce que l'on est convenu d'ap- peler le sentiment de la nature, mais c'est à défaut du sentimen- talisme, inventé par Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, un réel bouquet de senteurs champêtres, — huele à tomillo, c'est le parfum du thym, suivant le proverbe andalous, — quelque chose d'équivalent à ce qu'on trouve dans certains de nos chants popu- laires. « Pour rompre l'agréable monotonie, la douce tranquilité de ces