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234 LA R E V U E LYONNAISE * D'un poète on ferait sans peine un linguiste, et même un éty- mologiste. * Victor Hugo éclate, écume, tonne, et c'est tout; il se hausse pour se grandir, et il ne réussit qu'à s'étirer. Il méconnaît toute mesure dans le ton, dans la couleur, dans la pensée, dans le mot. Ce mâle génie frappe toujours fort, s'il ne frappe pas souvent juste. Pas content de divaguer, il extravague. De l'ouïr, les plus braves sont tentés d'avoir peur. Dieu merci, le mal n'égale pas le bruit; il aboie pour aboyer, comme un chien de campagne, et ses colères ne durent guère plus que ses convic- tions. C'est lui qu'il poursuit, qu'il admire, qu'il aime, qu'il adore, lui toujours, lui partout, lui seul ! Quelle magnifique carrière il n'a point suivie ! Mme de Girardin : elle chante assez mal, mais oh! le merveilleux babil! Elle combat Paris, ses vices et ses ridicules, comme Clorinde guerroyait Tancrède, avec égard. Toute femme qui écrit sans pudeur vit de même. Les grandes âmes sont harmonieuses. * Une belle citation est un diamant au doigt de l'homme d'esprit et un caillou dans la main d'un sot. Jamais écrivains que ceux du dix-huitième siècle n'eurent