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                             PENSEES                             229



  0 vous qui cueillez ces « pensées », puissiez-vous, sous leur voile
de verdure, toujours trouver une fleur odorante, un fruit sa-
voureux !


  On demandait à un religieux : « Vivant dans la solitude, comment
connaissez-vous le monde ! — Je l'étudié en moi. » répondit-il.
  Ainsi, je ne vois la société qu'en passant; mais le peu que je
vois, je l'observe beaucoup, puis j'y pense longuement et fré-
quemment.
                                *
   0 ennui d'écrire seul, de corriger seul! Qui m'écoute, me
conseille, m'encourage? Virgile se comparait à l'ourse léchant ses
petits, pour les « finir ». Heureux Virgile, qui travaillait plein
d'espoir, à mi-voie de Rome, sous des regards augustes!
                                 *

  Pascal, Larochefoucauld, Labruyère, Vauvenargues, Chamfort,
Joubert, Swetchine.
  Pascal est sombre, Larochefoucauld amer, Labruyère malin,
Vauvenargues mélancolique, Chamfort acre, Joubert bienveillant,
Swetchine douce.
  Pascal cherche, Larochefoucauld suspecte, Labruyère épie,
Vauvenargues opine, Chamfort condamne, Joubert excuse, Swet-
chine plaint.
  Pascal aune obsession, Larochefoucauld un parti pris, Labruyère
un point de vue, Vauvenargues un idéal, Chamfort un ressenti-
ment, Joubert une aspiration, Swetchine une espérance.
  Pascal rapporte tout à une folie, Larochefoucauld à un vice,
Labruyère à un travers, Vauvenargues à un principe, Chamfort
à un abus, Joubert à un sentiment, Swetchine à une croyance.
  Pascal est profond, Larochefoucauld pénétrant, Labruyère
sagace, Vauvenargues délicat, Chamfort paradoxal, Joubert ingé-
nieux, Swetchine suave.
  Pascal est un problème, Larochefoucauld un verdict, Labruyère