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14 LA R E V U E LYONNAISE vois pas d'autre explication, sinon que l'évolution était déjà en train de s'accomplir. Quoi qu'il en soit, nous pouvons, au moins pour le lyonnais mo- derne, poser cette cinquième règle : Tout nom féminin dont l'atone finale est précédée d'une sifflante, donne i final en lyonnais. Les anciens documents lyonnais nous fournissent de nombreux exemples de l'application des trois premières règles: CARCABEAU DU PÉAGE DE GIVORS, 1225 : 1° Formes en i par hiatus latin : chastagiu (castanea), pollalK (pullalea), vectune, (vectuarm), piecz, (petm) ; 2° Par préposition d'une gutturale : chargi (carrica) ; 3° Par préposition d'une liquide mouillée: lenU'W (\eni\cula) , TARIF DES PÉAGES DE LYON, 1277-1315, mêmes mots que dans le Carcabeau de Givors. LIVRE DE R VISON D'UN BOURGEOIS DE LYON, quatorzième siècle : 1° Formes eu i par hiatus latin : fil h' (film), frioun, objet ser- vant à frire (frigatoria). 2° Par préposition du groupe ir : siri (cire). COMPTES- POUR LA DESTRUCTION DES CHÂTEAUX DE NERVIEU ET DE PEYRAUD (1350). 1° Formes en i par hiatus latin : BesU' (besti'o), pailH (palea), graci (gratw), maneri (manen'a), pain, paire (paria) ; 2° Par préposition d'une gutturale : yegi (picem), bochi (bucca) tiloclu. LA BERNARDA BUYANDIRI, seizième siècle : 1" Formes eu i par hiatus latin ; buyandiri (bucatarm ) 4 ; charrir?', rue (carrarz'a), cstrevir?', (strivarm), pailh' (palea). * L'honnêteté avant toul. Jepréviens loyalement le lecteur que j'ai forgé bucataria comme plusieurs autres mots de ce genre, et que je ne prétends nullement qu'il ait existé. Seulement nous savons que le suffixe latin aria donne ière en français, iri en lyonnais, ieiro en provençal, iera en italien. Or, le français a buyandt'cre; le lyonnais abùyauiUYî; le provençal a bugaditfîYo ; l'italien a bucandiera. J'ai donc le droit de dire que les choses-se'sont passées exactement comme s'il y avait eu un latin bucataria. Je ne vais pas au delà et cela suflit a ma démonstration.