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P A R T I C U L A R I T E S 1)1' PATOIS LYONNAIS 7 aurait été la même que celle du singulier; corona, corona(s); anno, anno (s). * ** On pourra objecter que dans nos vieux documents lyonnais, notamment dans Marguerite d'Oyngt, on a ajouté une s à e muet final de nos pluriels féminins. Cette anomalie est très explicable. Elle est simplement le résultat d'une confusion entre le cas-sujet et le cas-régime. On sait que, dans l'ancienne langue française, comme aussi dans le provençal, les substantifs avaient une décli- naison tirée de la déclinaison latine, avec cette différence qu'elle ne comprenait que deux cas, le nominatif latin pour le sujet, et l'accusatif latin pour le régime, soit direct, soit indirect. On peut tenir pour assuré qu'entre le provençal et le français, il n'y a pas eu d'exception pour le lyonnais. Nous avons eu nos cas-sujets et nos cas régimes. Je ne doute pas que, si nous avions des docu- ments en lyonnais du douzième siècle, on n'y rencontrât rosajilli pour le cas-sujet au singulier (le cas-régime du singulier n'a pas laissé de trace), rose, fille pour le cas-sujet au pluriel, et rosas, Allas, comme en vieux provençal, pour le cas-régime au pluriel. La preuve que ce cas-régime a existé est précisément dans cette s que l'on a ajoutée au cas-sujet, lorsque la distinction des cas- sujets et des cas-régimes a fait naufrage, pour ne laisser surnager qu'un singulier et un pluriel. La difwreiice qui existe entre nous et les langues d'oc et d'oïl, c'est que, dans ces dernières, l'accu- satif pluriel a prévalu, taudis que, chez nous, c'est le nominatif. Quanta supposer dans notre finale plurielle,e un simple chan gement euphonique de a sous l'influence de l'addition de s, cela ne semble pas admissible pour une voyelle post-tonique. Nous * voyons que, ni en provençal ni en espagnol le contact de s au pluriel n'a altéré la valeur de a: dona, donas ; corona, coronas. ** La présence de s dans les pluriels féminins de Marguerite* d'Oyngt et dans les documents de la même époque est infiniment