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8.                        LA R E V U E LYONNAISE
moins extraordinaire que dans des singuliers qui ne la comportent
pas étymologiquement, phénomène qui se rencontre pourtant à
chaque pas. 11 est bien plus facile d'expliquer la confusion entre
nos cas-sujets et nos cas-régimes du pluriel, que celle qui, au
treizième siècle, fit appliquer le sujet et le régime de la deuxième
déclinaison latine à toutes les autres; ce qui produit les plus mer-
veilleux contre-sens étymologiques. C'est ainsi que Marguerite écrit
au cas-sujet : li très bons sires   una odors..., cit livros, huns
frares , quoique senior, odor, liber, frater ne possèdent pas de
s final 4 .
                                          *

   Les auteurs en patois dauphinois (qui ne fait qu'un avec le
nôtre) ne mettent jamais s au pluriel. Le plus ancien que je
connaisse, Laurent de Briançon, ne remonte il est vrai qu'au
seizième siècle. Qu'il fait donc méchant être si âne ! Les clercs qui
connaissent les vieilles chartes du Dauphiné, qui ont lu Albéric de
Besançon (ou plutôt de Briançon) pourraient nous renseigner s u r
le point de savoir si les choses se sont passées en Dauphiné comme
chez nous, et si les vieux documents ont aussi ajouté une s h. e
muet final au pluriel.
   Les Stéphanois du dix-septième siècle, qui ont la même déclinaison
féminine que nous, n'emploient pas s. Est-ce par tradition ? Est-ce
simplement parce que le son ne s'en faisait plus sentir ?



   Par tout   ce qui précède, on voit que nous possédons les muettes
finales a,     e, i, o, mais non u, U n'est jamais muette finale
chez npus,     pas plus qu'en italien, pas plus qu'en provençal, pas
plus qu'en    espagnol.
   Si je me   suis bien fait comprendre, on doit saisir tout de suite

   i Les Lyonnais doivent des remerciements particuliers au docte éditeur de Mar-
guerite d'Oynfrt, M- Philipon, qui nous a rendu un service inestimable en publiant
ce livre, le seul monument que nous possédions de la la littérature lyonnaise au
moyen âge. M. Philipon, qMi a donné récemment un si remarquable travail sur un
Lyonnais à Paris an seizième siècle, et; en ces matières, en sait cinquante-
cinq mille cinq cent quarante-deux fois plus que votre très humble, pouri-ait trancher
avec autorilé les questions que je soulève.