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— 42 — cadre, iî est inséré dans la décoration murale du vestibule des Antiques. Le maître mosaïste Claudius Mora, qui l'a mis en place, avait remarqué que les cubes sont collés sur marbre ou ardoise, selon le procédé de Belloni. La double bizarrerie que nous venons de constater nous sera expliquée par la comparaison de ce Pan avec celui de la planche LU. La ressemblance des deux personnages est frappante, jusque dans les moindres détails, la forme de la barbe et des cornes, les mèches de cheveux qui tombent sur la nuque, la touffe de poils qui pend entre les jambes, la couleur bleu pâle du lien qui entoure la taille. Bref, ils seraient identiques, s'ils n'étaient symétriques. Le Pan de la Déserte marche vers la droite, c'est-à -dire que la position relative des lutteurs est la même que sur la mosaïque Michoud ; celui d'Artaud marche vers la gauche, c'est-à -dire que les lutteurs étaient placés l'un par rapport à l'autre comme sur la mosaïque Cassaire. Le Pan de la Déserte marche vers la droite d'après l'image d'Artaud ; mais, en réalité, il marchait vers la gauche, comme le Pan du vestibule des Antiques. Artaud a retourné le dessin du personnage pour dissimuler la fraude par laquelle il s'était adjugé ce morceau qui aurait dû, avec le reste, entrer directement au musée. En tout état de cause, l'affirmation serait extrêmement probable ; elle est certaine, le cas de la mosaïque Flacheron nous ayant révélé une supercherie équivalente. Voyons maintenant ce que sont devenus les morceaux recueillis pour le musée. Steyert r , parlant de la plus ancienne mosaïque, affirme qu'elle ne figure dans aucune des salles du Palais des Arts. Son livre étant de 1895, il se trompe : cela n'était vrai qu'avant 1868. Le Catalogue sommaire aurait pu lui apprendre que les bustes de Cérès et de Bacchus (de l'Été et de l'Au- tomne) sont dans le vestibule des Antiques. Mais il ne lui aurait appris ni que les fragments de la mosaïque intermédiaire y figurent aussi, ni que les deux bustes n'y représentent point seuls la première, ni qu'il en existe ail- leurs, hors du musée, un autre fragment, ni certains détails curieux de son histoire depuis le temps où ses débris quittèrent le terrain de la Déserte jusqu'à celui où ils reçurent la place qu'ils occupent aujourd'hui. La présence de « quelques fragments de mosaïques trouvées à Vienne 1. Ouv. cité, p . 376.