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architecte, le célèbre Delamonce. Delamonce, après avoir fourni tous les
dessins et plans de l'édifice, voyant qu'on ne voulait point les exécuter tels
qu'il les avait conçus, avait pris le parti de se retirer, de peur qu'on lui
imputât les inconvénients qui pourraient résulter de la construction.
     Soufïlot, conseillé par le chanoine Lacroix, envoya de Rome, où il était
de retour après un voyage en Grèce, des projets très étudiés pour l'édifica-
tion d'un dôme surmontant le chœur de l'église. Ces projets furent immé-
diatement agréés par les pères Chartreux, heureux de terminer ainsi le
différend qu'ils avaient avec Delamonce. Enfin, sur de nouvelles et pres-
santes sollicitations de son ami, Soufïlot décida de venir à Lyon diriger la
construction de l'hôtel de Monsieur Jean de Lacroix-Laval, conseiller à la
cour des monnaies. De grands travaux furent entrepris par Soufïlot pendant
son séjour à Lyon. Il n'entre point dans le cadre de cette étude de les rappe-
ler tous. Nous n'en citerons qu'un, car il eut plus tard de grandes consé-
quences pour l'extension de notre ville : la construction du nouveau théâtre
sur les terrains du jardin de l'Hôtel de Ville. En effet, pour la décora-
tion de la salle de spectacle et plus particulièrement pour la peinture du
rideau de scène, représentant les noces d'Amphitrite et de Neptune, Souf-
flot fit appel au concours d'un décorateur de talent qu'il avait connu à
Rome et qui terminait, en ce moment, le théâtre de Parme. Ce décorateur se
nommait Jean-Antoine Morand. Morand était un de ces hommes supé-
rieurement doués, dont l'esprit peut embrasser simultanément toutes les
branches de l'Art. A la fois peintre, sculpteur, architecte, ingénieur, il
apportait dans chacune de ses manifestations artistiques une originalité et
un talent peu commun.
      Venant à Lyon à une époque où la ville, resserrée depuis longtemps
 dans un périmètre trop restreint, se transformait et cherchait à s'agrandir
par tous les moyens, Morand arrivait au moment précis où son talent, son
génie pouvait se développer librement sur un terrain largement ouvert. Né
à Briançon, établi depuis longtemps en Italie où il était connu et apprécié, il
ne serait peut-être jamais venu à Lyon s'il n'avait été appelé par son ami
Souffiot. Or l'Å“uvre de Morand, dans notre ville, c'est, en plus de son pont
et du quartier Saint-Clair, le premier plan d'édification des Broteaux
 et de la Guillotière, c'est-à-dire tout le Lyon moderne.