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posée à droite de l'autel, là où elle est encore ; une autre rosace pareille,
fabriquée de toutes pièces, lui fit pendant à gauche x. Un détail révèle
d'emblée la contrefaçon : les deux rosaces ont un double cadre en torsade ;
mais dans la rosace moderne, le cadre extérieur est continu comme le cadre
intérieur ; dans la rosace antique, il est discontinu à deux angles, parce qu'il
représente simplement les tronçons de la grecque où ce panneau était jadis
encastré.
      Lorsque Martin-Daussigny eut à faire vider les dépôts, en 1863, il
constata la double disparition qui avait échappé à l'insouciance de son pré-
décesseur. Mais en 1868 seulement, lorsqu'il combinait la décoration com-
posite du vestibule des Antiques et regrettait tout haut l'absence de la
Cérès, qui aurait si heureusement fait pendant au Bacchus, il apprit par le
mosaïste Claudius Mora, lequel tenait le renseignement de son père, où se
trouvaient les deux panneaux manquants. Le conseil paroissial d'Ainay,
mis au courant, s'empressa de restituer la Gérés, que le conservateur récla-
mait seule et qu'il offrait de remplacer, aux frais du musée, « par un médail-
lon de mosaïque antique plus en harmonie avec la sainteté du lieu qu'une
divinité païenne ». Ce médaillon est une rosace à deux cadres, l'intérieur en
torsade, l'extérieur en chapelet de triangles ou têtes de diamants. Je crois
pouvoir l'identifier avec un caisson de la mosaïque figurée sur la planche X
d'Artaud et trouvée par Paul Macors dans son jardin, vers l'angle sud-est
des rues d'Auvergne et de Jarente 3. Elle passait jusqu'ici pour entièrement
perdue. Quant à la Cérès, comme autrefois dans le pavement de la Déserte,
elle voisine, depuis 1868, avec le Bacchus dans le vestibule des Antiques, à
mi-hauteur de la paroi qui confronte la porte d'entrée. Mais au lieu qu'ils
s'encastraient jadis dans la torsade de la grecque, avec un filet pour seul
cadre, ils ont maintenant l'un et l'autre, au delà de ce filet, un cadre continu



      i. « Le pavé du sanctuaire de la Vierge est une mosaïque imitée de l'antique et faite d'après le dessin de
fragments trouvés dans le local de l'hospice des Incurables... Les artistes peuvent y admirer une tête de Cérès
en mosaïque découverte à Vienne, et que M. le Curé a fait placer dans la partie qui correspond avec le milieu
de l'autel » (Abbé J. Roux, dans Revue du Lyonnais, nouv. série, II, 1850, p. 438). La première affirmation est
gravement inexacte, la seconde est fausse et reproduit sans doute un mensonge de Baratta.
      a. Au cours des fouilles qu'il fit après la découverte de la mosaïque des Jeux du cirque ; voir chap. I,
§I,n°3.