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constater que cette même opinion avait été soutenue par Antoine Lacroix
dans son discours à l'académie, sur un plan nouveau d'éducation de la
jeunesse. Le supérieur des Oratoriens craignait aussi qu'il ne fût dans les
idées du roi et de ses ministres de supprimer d'autres congrégations après
celle des jésuites.
     Messire Lacroix, tout d'abord, n'avait pas été favorable à l'installation
de prêtres réguliers dans la régence de nos collèges, mais, après un examen
plus sérieux de la question et dans l'espoir de tout concilier pour le bien de
la paix, il proposa un mezzo termine, ainsi que l'on disait à cette époque. On
confierait la régence du grand collège à des prêtres réguliers, les Pères de
l'Oratoire, et celle du petit collège à des prêtres séculiers libres. Ce mezzo
termine fut accepté bientôt par tous les partis, le gouvernement, la ville et
l'archevêché.
      Le vicaire général eut à défendre l'ordre des Oratoriens auprès d'un
grand nombre de fidèles qui accusaient cet ordre de jansénisme et de
doctrines erronées sur le dépôt d'argent. La question du dépôt d'argent
avait été soulevée depuis peu de temps et passionnait tous ceux, et ils
étaient nombreux à cette époque, qui s'intéressaient aux questions de
dogmes. Un grand nombre d'auteurs ecclésiastiques, parmi lesquels un
certain nombre de Pères de l'Oratoire, avaient posé la question de savoir si
le fait de toucher un intérêt quelconque pour les prêts ou dépôts d'argent
n'était pas contraire à la véritable doctrine de l'Eglise catholique. Sans
prendre une position bien nette sur ce terrain, l'abbé Lacroix répondait
assez malicieusement que les Oratoriens n'avaient jamais outrepassé les
enseignements de l'Eglise et que, d'ailleurs, il serait plus facile de rappeler
dans la voie les Pères qui pourraient en passer les justes bornes que de
réprimer les égarements de la cupidité.
      Quant à la suspicion d'attache au jansénisme, suspicion qui, par-des-
sus les prêtres de l'Oratoire, atteignait l'archevêque Malvin de Montazet,
le vicaire général répondait que dans les temps troublés que traversait la
religion, nul ne pouvait se flatter de n'avoir jamais péché ni par excès ni par
défaut, et il ajoutait, avec beaucoup de bon sens, qu'il était regrettable que
les simples fidèles fussent admis et quelquefois provoqués à controverser