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LA
LETTRE DU CHEVALIER
L'inventaire des meubles du comte de M..., dressé le 8 octobre 1783
par ordre de Me Gallezot, notaire royal de Belley, mentionne au feuil-
let 13, ligne 8 :
« Un secrétaire de Dame, dit Bonheur du jour, marqueté, de bois
des îles, le dessus couvert d'une plaque de marbre blanc à bordure de
bronze ciselé et doré, au-dessus le tiroir, une tablette mobile, se pou-
vant tirer pour former secrétaire, et recouverte de basane; le haut formé
de deux battants à mosaïque de bois précieux; l'intérieur des tiroirs de
bois satiné, moucheté ».
Vendu au décès du comte de M..., il fut longtemps dans une fa-
mille de propriétaires ruraux, qui habitaient la petite bourgade d'Angle-
fort sur le Rhône. Cette famille dut à sa prudence politique et au bon
vouloir de ses fermiers de traverser la Révolution sans voir se disperser
ni ses biens, ni ses enfants. Sous la Restauration, l'unique héritier de la
maison fut appelé à Paris, où il se maria et demeura désormais. Ni lui,
ni ses descendants ne vendirent le bien rural qu'ils ne visitaient qu'une
fois par an, aux vendanges. Les meubles restèrent aux places qui leur
étaient assignées depuis plusieurs générations ; il fallut le hasard d'une
réparation pour qu'on déplaçât le bonheur du jour ; l'on enleva le tiroir
Rev. Lyon. 5