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— 27 — dans son charmant asile, mais son destin devait être tout autre et son exis- tence devait se terminer loin des siens et de sa ville natale. Il avait été nommé, en 1775, prieur de l'abbaye de Saint-Rambert-en- Bugey, et ce bénéfice nouveau qui, à l'ordinaire, était une source d'hon- neurs et de revenus, en devait être pour lui une de déboires et de vicissi- tudes. L'abbaye de Saint-Rambert-en-Bugey, autrefois une des plus prospè- res du diocèse, était dans une situation financière très précaire. Ses derniers prieurs en avaient dilapidé la fortune par une mauvaise administration. A l'âge de soixante-treize ans, l'abbé Lacroix dut recommencer à intriguer auprès du roi et de ses ministres pour obtenir la suppiession de nombreuses charges grevant son bénéfice, ainsi qu'il l'avait fait, vingt ans plus tôt, pour la création de son école gratuite de dessin. Malgré son grand âge, il n'hésita pas à faire le voyage de Paris pour hâter le succès de ses démarches, et ce fut dans cette ville qu'il mourut, en mai 1781. Son testament fut digne de lui. On y retrouve l'amour sincère et éclairé que le bon chanoine avait toujours porté aux jeunes artistes. Parmi de nom- breux legs à l'académie (1), aux hôpitaux et aux pauvres, il laissait une somme considérable destinée à payer les frais d'apprentissage des jeunes gens se destinant aux arts et aux manufactures de la fabrique lyonnaise. Telle fut la vie du bon chanoine Antoine Lacroix dans lequel nous aimons à retrouver l'image d'un de ces bons Lyonnais du dix- huitième siècle, dont la vie facile, simple et paisible se distinguait surtout par un culte profond et raisonné de leur cité natale. Emile LEROUDIER. (1). Il léguait à l'Académie ses deux bustes de Chrysès et d'Iphigénie de M. A. SlotZ, et deux têtes de marbre du célèbre sculpteur Puget : Homère et Çaton.