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ne s'était pas encore mêlé avec Vopus tessellatum, les mosaïstes composèrent,
dans l'atelier même, sur dalles de marbre ou de tuf ou encore sur tuiles,
enduites d'un ciment très fin à prise lente, ces petits tableaux en pierres
d'une extrême petitesse et de formes très variées, portatifs, pouvant être
insérés à volonté dans un pavé en cubes plus gros, exécuté directement sur
le sol l. C'est bien dans cette catégorie que le range M. Gauckler 3 qui en
indique les dimensions et le sujet : « Au musée de Lyon, mosaïque inédite
de 0,50 sur 0,50, venant d'Italie et donnée en 1883 par L. Carrand. Triton
et Néréide donnant à boire à un tigre marin ». « Venant d'Italie » n'est sans
doute qu'une conjecture probable : à l'époque augustéenne, on ne rencon-
tre que très peu de pavements historiés hors de l'Italie 3 ; cependant les
provinces en ont rendu quelques-uns, le sol de Lyon romain en a rendu
deux 4. Au témoignage d'Artaud s, dans le remblai qui séparait, à la Déser-
te, la mosaïque intermédiaire de la plus ancienne, on trouva « deux pièces de
mosaïque établies sur des briques taillées en biseau ». Le propriétaire du
terrain les lui remit. « On y voit, dit-il, des poissons et le bas d'une draperie,
dont le fini est admirable, attendu que les cubes sont extrêmement petits».
Ces morceaux ne figurent pas dans le catalogue de son cabinet ; nous
ignorons ce qu'ils ont pu devenir. Les dimensions exactes de Vemhlema
Carrand sont 0,525 sur 0,515. En voici la desciiption précise. A gauche le
tigre, vu de face, tête, encolure et poitrail ; au milieu la Néréide,qui lui
présente la coupe de la main gauche et tient de sa droite invisible un rameau
déployé horizontalement vers la tête du tigre ; la tête de profil vers le tigre,
elle est au surplus vue de dos, parée d'un collier et de bracelets, nue hormis
que ses jambes sont enveloppées dans une draperie qui s'envole en arc
devant elle. Cette draperie couvre aussi, sauf une extrémité de nageoire
caudale, l'arrière-train, sur lequel la Néréide est assise, du Triton dont le



     1. Sur les emblemata voir Gauckler, dans Dict. des antiq. gr. et rom., art. Musivum, p. 3.098 et suiv.
     2. Ibid., p. 2.099, ntoe 5 ; cf. 3.101, note 11.
     3. Ibid., p. 2.097, surtout note 14.
     4. M. Adrien Blanchet les a omis dans son Inventaire ; mais ils n'ont pas échappé à M. Gauckler, ibid.,
p. 2.099, note 5 : « A la Déserte, près Lyon, fragment (poissons et draperie) ».
     5. 1835, p. 109. Cf. Lyon souterrain, p. 97 : « Chez M. Raymond » (inexact ; voir plus haut § II, n° 1)
« on a déterré des fragments de briques taillées en bizeau, sur lesquelles on voit des poissons en mosaïque,
dont les pièces de rapport n'ont pas deux lignes de surface ».