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Lyon (i) et Balthazar de Villars adressait au président Forget cette dernière
harangue (2) :
     « Monsieur, ceste compagnie d'officiers se represante devant vous pour
rendre grâces à nostre bon Roy en vostre personne du soing paternel qu'il
ha de tous ses subjects et qu'il a eu de ses provinces lesquelles il ha visitées
par l'envoy de la Court des Grands jours en laquelle vous tenez le premier
rang. Nous sommes encor icy pour vous remercier très humblement du
bien que vous nous avez procuré de l'honneur qu'il vous a pieu nous des-
partir.
     « Les fruicts inestimables que la tenue des Grands jours ha produictz,
les biens quelle ha apportés, les maux dont elle nous a garantis sont et
seront à jamais très certains tesmoignages à toutes ses provinces de la pro-
vidance du Roy et de la bienveillance de la Court.
     « Le chois que sa Majesté a faict de vostre personne nous est un arre
assuré de son affection en nostre endroit, il pourroit justement usurper le
dire du roy Theodoric chez Cassiodore Gloriosum quidem nobis est honores
passim impendere, sed laudàbilius multo bene mentis signa prœstare, quidquid
enim talibus tribuimus pro communi potius utilitate largimus. Vostre présence
m'empesche de pouvoir dire sur ce subject ce que la vérité me commande ;
je diray seullement avec vostre permission que le comble des rares qualités
qui vous rendent plus admirable qu'imitable aura aultant de force, de
vertu et d'efficacité envers toute ceste compagnie que la chanson de Miner-
ve avoit de pouvoir sur Alexandre ; lorsque le musitien Timothée la luy
chantoit, il en estoit tellement esmeu qu'il se levoit en sursault et s'armant
de toutes pièces il dansoit une danse animée, s'animant lui-même à la
vertu ; de mesme ceste compagnie est sy esmeue, animée et eschauffée par
vostre exemple, par la force de vos doctes, doulces et patétiques remons-
trances, admonitions et ordonnances qu'il est aisé à lire en noz frontz, a
veoir en noz visages le désir bouillant que nous avons tous d'en faire nostre


      (1). Arch. du Rhône, tome XII, p. 175.
      (2). Mss. de la Bibliothèque de la Ville de Lyon, n° 1.477, f° 71. Congé pris par les officiers de la sénéchaus-
 sée, de Monsieur Forget, président aux Grands jours, du mois de décembre 1596. (In recueil de harangues,
 discours, lettres et autres pièces, la plupart de Balthazar de Villars).