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BALTHAZAR-JEAN BARON 387 comprendre et aimer aux autres : c'est tout le secret de l'art. Aucune théorie, aucun système ne prévaudra jamais contre ce principe. On ne fait bien que ce qu'on fait avec amour, et on ne fera bien comprendre que ce qu'on aura d'abord com- pris soi-même. Encore faut-il que le sentiment de l'artiste soit juste et qu'il le raisonne avant de le traduire : sinon, la photogra- phie serait le premier des arts. Baron répudiait l'école qui, dans la nature, copie tout d'une main servile ou qui, s'arrê- tant à l'écorce dés choses, se dispense d'en exprimer l'âme. A ceux qui disaient devant lui : « Rien n'est beau comme le vrai », il ne manquait jamais de répondre : « Dites plutôt que rien n'est vrai que le beau. » Il excellait à traiter le paysage, mais il y place, d'ordinaire, quelques figures qui, pour être d'une facture sommaire, où se sentie défaut d'études académiques, sont toujours à point pour animer le tableau et en accuser le caractère. Sa manière se rattache à celle de Boissieu, surtout dans la première partie de son œuvre, et Boissieu lui-même pro- cède visiblement de l'Allemand Weiroter. Plus tard, Baron subira d'autres influences, mais son dessin ne perd jamais ses qualités de netteté et de simplicité, même dans les gra- vures les plus poussées. C'est de premier trait, sans retouche, sans fignolage. C'est, cependant, très étudié, et nul détail n'est livré à l'imprévu . Vous devinez l'homme qui a librement choisi ses sujets, les a traités avec amour et conscience, et dont on pourrait dire que le temps lie devait plis lui durer, lorsqu'il travail- lait. Son oc*uvrene trahit m'hâte, ni impatience, ni repentirs. Les environs de Lyon et certains coins de l'ancienne ville ont fourni à Baron le thème ordinaire de ses gravures. Mais il mettait à profit ses voyages d'affaires, dont il rapportait-