page suivante »
SUR L'ORIGINE DES ÉGLISES DE FRANCE 35I débat; ils iraient rejoindre les innombrables apocryphes dont il n'est déjà que trop surchargé. Jusque-là l'argument des Fastes épiscopauxa une portée décisive; on ne la diminue pas en lui opposant la question préalable. Il me semble préférable de s'en référer à l'avertissement de Tertullien et, bien qu'il ait parlé pour un autre motif, d'agréer avec son sage conseil l'éloge qu'il fait de la bonne tenue des cata- logues : « Edant ergo origines Ecclesiamm suarum; evolvant ordineni Episcoporum suoruni, ita per successiones ab initia decurrentem, ut primus ille episcopiis atiqiiem ex Apostolis vel apostolicis viris, qui tamen cum ^Apostolis perseveravit, habiter il auctorem et antecessorem. » Passons sur un terrain plus familier à nos lecteurs et arrivons à ce qui est dit de la lettre contenant les actes de nos plus célèbres martyrs. Sous la plume de Mgr Bellet, nous retrouvons appuyées et développées les prétentions peu nouvelles de l'Eglise de Vienne à réclamer une priorité d'existence sur celle de Lyon et un empressement significatif à exalter Crescent, nommé dans une des épîtres à Timothée, comme son fondateur, aux dépens de la gloire postérieure de saint Pothin, notre pre- mier pontife et le sien très probablement. Il suffit d'être, même superficiellement, initié aux annales de l'antique capitale des Allobroges et l'on est de reste informé des querelles que sa jalousie a fréquemment soulevées contre sa riche voisine du confluent, une fille ingrate sortie de son sein et devenue plus puissante que sa mère. Dans ces divers cas, je le crains, la partialité fut aussi évidente que le bon droit parut suspect. On se rappelle le mot sévère de Tacite : Unde œiniilatio et invidia et unoamnediscretis conmxum odium ? La renommée de nos saints confesseurs, suppliciés sous Marc-Aurèle, importune ses citoyens; non seulement ils