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                JOANNON DE SAINT-LAURENT                   227

un splendide vase murrhin qui lui avait coûté 300 talents,
 1,476,000 francs; mais Néron pour ne point paraître
surpassé acheta immédiatement une tasse à deux anses
qu'il paya un prix proportionnel.
    Les pierres murrhines, ajoute encore Pline, viennent de
de l'Orient. Elles s'y trouvent en plusieurs endroits peu
connus, nec insignibus, surtout du royaume des Parthes.
Cependant les plus belles proviennent de la Carmanie.
On croit que c'est une substance liquide, humorem, qui
s'épaissit sous terre par la chaleur, car on retire des mêmes
terrains les murrhins et le cristal de roche. Les objets
fabriqués avec cette substance ne dépassaient pas la grandeur
des petits abaci dont j'ai parlé : ils avaient une très faible
épaisseur. Ils n'avaient qu'une très imparfaite translucidité,
splendor sine viribus, et leur éclat était plus remarquable que
leur transparence. «Les vases murrhins prenaient une grande
valeur par la variété des couleurs lorsqu'elles se présentaient
en taches successives et contournées, mélangées de pourpre
et de blanc ainsi que d'une troisième couleur de feu qui
servait à la fusion des deux autres, de manière que le
pourpre pâlit et le blanc rougit.' On estimait beaucoup
aussi certaines teintes comparables à celles du sang coagulé
ou aux reflets de l'azur. »
    De plus, la matière murrhine présentait parfois des taches
opaques et des verrucosités qui en augmentaient beaucoup
le prix. Enfin, ils répandaient soit à froid, soit sous
l'influence de la chaleur, une odeur agréable qui donnait au
vin une saveur particulière analogue à celle de la myrrhe
« Les mots murrhinus, murrheus, myrrhinus, myrrheus dési-
gnant à la fois la nature de ces vases et la myrrhe, résine
odoriférante avec laquel on parfumait le vin, les murrhins
auraient ainsi été nommés parce qu'ils exhalaient un parfum