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90 SAINT NIZIER éminente sainteté porte en elle et communique à ceux que ses charmes ont déjà conquis et engagés danalalutte contre le monde et dans l'immolation d'eux-mêmes. Plus tard si la nature a des défaillances, les croix trop d'accablantes pesanteurs, l'esprit de troublantes incertitudes, Nizier se retournera vers les souvenirs de son initiation sacerdotale; dans l'image même de son consécrateur il apercevra le symbole vivant des sacrifices et des joies de sa propre con- sécration, à quelle hauteur elle l'a placé, ce qu'elle commande d'abnégation, de labeur et d'humilité. Sa famille eut les prémices d'un ministère aussi provi- dentiellement inauguré ; il paraît même avoir circonscrit à elle seule son activité et son influence. Mais le champ était vaste et plus que suffisant aux forces les plus entreprenantes. Les domaines étaient considérables, les fermes nombreuses ; colons, serviteurs et serfs, femmes et enfants formaient une population très dense et très disséminée. Le cercle domes- tique constituait une paroisse importante à desservir. Les enfants occupèrent spécialement l'attention du nou- veau prêtre, du jeune curé. A leur profit, il se transforma en maître d'école. Bientôt il eut groupé autour de lui des lecteurs et des choristes exercés : dans la maison, comme dans un cloître, le chant des psaumes retentit, pour ainsi dire, sans interruption et, quand les lèvres étaient silen- cieuses, les esprits se plongeaient dans la méditation des versets qu'on avait retenus. La villa seigneuriale prit les allures d'un couvent bien discipliné ; la prière sanctifia le travail ; la charité régla les rapports sociaux ; la justice rendit à chacun l'usage de ses droits et le salaire de sa peine ; l'autorité conserva le commandement, l'obéissance le mérite de l'exécution ; la* pauvreté fut assistée, la vieillesse entourée, la maladie