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                        SAINT NIZIER                       83

titions idolâtriques disparurent des campagnes les
plus écartées, où elles s'étaient isolées; le niveau de la
moralité monta; la législation s'éclaira; les coutumes san-
guinaires se réformèrent peu à peu; les institutions s'inspi-
rèrent des maximes évangéliques et la royauté mérovin-
gienne, sous Childebert et sous Gontran, s'honora de mettre
au service de Dieu ses trésors, ses trophées et ses codes.
    Le peuple, délivré de l'horreur des invasions, protégé
contre la violence des vainqueurs, secouru dans ses maux,
ramené à la charrue et aux sillons, instruit et guidé, attri-
buait' à son évêque les bienfaits nouveaux dont il jouissait,"
et le ciel, pour redoubler cette confiance et récompenser
cette soumission, multipliait les miracles sur les pas de son
envoyé; il ajoutait ainsi, à l'influence d'éminentes vertus
et d'abondantes aumônes, l'éclat éblouissant d'une perpé-
tuelle et mystérieuse intervention.
    Les traces et les preuves dé ce tout-puissant ascendant
sont aussi innombrables que certaines ; l'histoire, en ce cas,
a de beaucoup précédé la légende; elle est plus merveilleuse
qu'elle. Un des derniers traits de la destinée de notre saint
est en effet d'avoir eu pour biographe son petit-neveu,
celui qu'on a surnommé le Père de nos. annales françaises.
C'est avec ses souvenirs personnels, la mémoire encore
toute chaude des spectacles qui l'avaient frappé, la plume
agile et exacte à reproduire les récits rapportés par des
témoins oculaires, que Grégoire de Tours a composé la
 Vie de son bienheureux oncle et qu'il nous a laissé, le por-
trait achevé de sa physionomie aussi attachante que noble,
moins terrible aux méchants qu'elle ne fut souriante aux
 infirmes, aux miséreux et aux opprimés.
    Avec un tel guide, on est assuré d'avance de ne pas
glisser dans la banalité de louanges indécises et communes.