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PEINTRE LYONNAIS 329 La Tentation, commandée par l'État, parut au Salon de 1872. Ce fut le dernier tableau de notre ami. Le sujet imposait une opposition franche. Dumas n'eut garde de l'oublier. Autant le Christ est noble et tranquille, autant Lucifer est haletant et anxieux. Le Sauveur, parfaitement drapé et dans une belle attitude, se voit en pleine lumière. Satan, d'un ton bronzé, est encore assombri par ses grandes ailes noires. Même contraste dans le geste. Le Christ, . digne et grave, montre le ciel ; le Diable est tourmenté dans la pose et dans l'expression. Malgré le bras qui cher- che à cacher le visage, on entrevoit un œil infernal et l'on croit entendre des grincements de dents... Un sceptre et une couronne déposés sur les rochers sym- bolisent la tentation. VI . On a dit quelque part qu'il fallait être au-dessus du parfait pour résister à l'amour. Dumas, qui cependant ne prétendait nullement à la perfection, n'a payé qu'un très faible tribut à ce dominateur universel. Nous lui avons pourtant connu deux passions sérieuses qui ont remué profondément son être, sans néanmoins l'absorber complètement. Toutes deux, hâtons-nous de le dire, sont toujours restées à l'état platonique. A Rome, Dumas fut appelé à donner des leçons de dessin à .la fille du comte de S., comte ruiné, qui venait de passer quelques années en Italie par mesure d'économie. La jeune fille était brune, petite, vive, spirituelle et fort gen- tille. Nous avons déjà dépeint la personne de Dumas. Une intimité s'établit vite entre le professeur et l'élève, et il est