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242                LES PEINTURES DÉCORATIVES

leur rendre hommage et afin de les signaler au public. A
ce titre, il serait difficile de laisser passer sans quelques
fanfares un événement aussi considérable pour les arts
lyonnais, que celui de l'installation récente des peintures
de Puvis de Chavannes, au Palais Saint-Pierre. C'est dans
cet état d'esprit respectueux et résigné, envers l'art et l'ar-
tiste, que sont présentées les impressions et digressions
qui suivent ( i ) .
   Quand on gravit péniblement, car les degrés en sont
raides, l'escalier neuf du Palais des Arts, qui est d'un im-
posant caractère, on passe graduellement de l'obscurité où
il est plongé jusqu'au premier étage, à un jour de plus en
plus franc, tombant de la petite coupole qui le couronne ;
on s'initie peu à peu à la lumière, et lorsqu'elle est
complète, elle dévoile sur les quatre murailles du sommet
une foule de figures, d'abord indéterminées, qui sem-
blent se mouvoir dans toutes les nuances d'un azur prédo-
minant. Tel est le premier effet saisissant des compositions
de Puvis de Chavannes. Puis l'œil caressé, aime à se repo-
ser un instant dans ce vague et à goûter tout d'abord la



  (i) C'est sur la proposition du Conseil d'Administration des Musées,
que M. le maire de Lyon a confié à M. Puvis de Chavannes, au mois
d'août 1883, la décoration du nouvel escalier du Palais des Arts. L'ar-
tiste ne s'est pas écarté du programme qui a été formulé par lui-même
à cette époque. Le prix des peintures a été fixé à 40,000 fr.; comme on
peut évaluer à 10,000 fr. au moins les frais de tout genre incombant
à l'artiste, on voit qu'il a reçu à peine 30,000 fr. pour plus de trois
années de travail exclusif et sans relâche, c'est-à-dire 10,000 fr. par
an. C'est ce que demande un aquarelliste en vogue pour une seule
de ses rapides productions.
   L'Etat, par la bienveillante entremise de M. Kaempfen, directeur
des Beaux-Arts, a contribué pour moitié à la dépense.