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330                    MICHEL DUMAS

certain que Mlle de S. faisait plus de progrès en amour qu'en
dessin. Malheureusement, on ne pouvait songer au mariage,
auquel n'aurait certainement pas fait défaut le consente-
ment du père ; mais le comte n'avait pas de dot à donner,
et Dumas ne possédait rien. Avec si mince bagage, com-
ment s'aventurer dans une vie à deux, à plusieurs, proba-
blement, dans l'avenir? Dumas était trop loyal, trop hon-
nête pour abuser de la confiance de la jeune fille; et d'un
autre côté, il était trop amoureux, il trouvait trop de
délices dans cette liaison pour la rompre brusquement.
   C'était donc bien en pure perte qu'en qualité de confi-
dent, nous lui donnions le conseil de résister à cet entraî-
nement, de ne pas gâter sa paisible vie et de ne pas s'expo-
ser à briser une carrière si bien commencée.
   Le retour en France du comte et de sa fille mit fin à ce
gracieux roman. Les amoureux se quittèrent du moins sans
remords sinon sans souffrance.
   Mais un second roman attendait Dumas à Paris.
   Il avait été chaudement recommandé à M. D., membre
de l'Institut. Reçu tout d'abord avec une bienveillance
marquée, il devint bientôt l'ami de la maison. Son couvert
était toujour mis.
   M. et Mme D. avaient une fille, leur unique enfant. Elle
était grande, distinguée, et très bonne. Une sympathie
réciproque s'établit promptement entre les jeunes gens.
Un amour partagé, vu de bon œil par les parents, vint
ainsi faire à la fois le charme et le tourment de la vie de
 notre ami. Hélas ! la jeune personne n'avait qu'une faible
santé ! De là inquiétudes sur inquiétudes, émotions sur
émotions. Ces raisons de santé, jointes à des circonstances
 majeures, indépendantes de toute volonté, firent constam-
 ment obstacle à une union dans laquelle notre ami eût