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370                   SAINT EUCHER II

    « Les deux saints, dit-on encore, n'acceptent pas leur
nomination. » Ceci manque d'exactitude, et l'on a eu tort
d'appliquer aux deux pontifes les détails donnés plus haut
sur l'accueil que fit aux propositions de l'archidiacre le
solitaire du Mont-de-Mars. Ces particularités ne regardent
en aucune manière le retour du grand Eucher dans sa
patrie.
    Soit, répondra-t-on ; mais comment se fait-il que les deux
vénérables ermites sur qui se réunissent les suffrages des
Lyonnais se trouvent être d'anciens sénateurs, que l'un et
l'autre s'appellent Eucher, que l'un et l'autre aient, dans
leur jeunesse, épousé une femme nommée Galla ? A qui
fera-t-on croire que les mêmes honneurs et dans le monde
et dans l'église, que les mêmes noms soit pour l'époux soit
pour l'épouse, puissent deux fois se rencontrer ainsi à point
nommé ? — On le fera croire à ceux qui voudront se don-
ner la peine d'étudier les coutumes du temps où vivaient
les personnages dont il est ici question.
    Si le siège épiscopal de Lyon compte deux Eucher — et
le fait ne me paraît pas douteux — il est infiniment proba-
ble que les deux évêques appartenaient à deux branches
d'une même famille. Cette hypothèse dont la vraisem-
blance frappe dès l'abord, une fois admise, on voit s'éva-
nouir aussitôt des difficultés purement imaginaires. Que
répondre, en effet, quand il sera démontré qu'au ve et au
VIe siècle, les mêmes noms se transmettaient de l'aïeul au
petit-fils, de l'oncle aux neveux ou petits-neveux; quand
 on saura que, dans les familles gallo-romaines dites sénato-
 riales, la dignité ou, pour parler plus exactement, le titre
 honorifique de sénateur semble avoir fait partie de l'héri-
 tage, tout comme les maisons et les propriétés ?
   Parmi les grandes familles gauloises de cet âge, il en est