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14                 L'HISTORIEN CLITOPHON

ment par les modernes et sur laquelle ils ont bâti une his-
toire trop précise et trop circonstanciée. Le nom d'Atepo-
marus, qui semble formé à'Atepo (13) et d'une terminaison
fréquente marus, était fort répandu, et, tout en admettant
une identité possible entre l'Atepomarus de Clitophon et
celui d'Aristide, il n'est pas permis de la donner comme
certaine. On ne sait donc rien sur la date de la fondation
du Lugdune celtique; on peut dire seulement qu'elle est
fort ancienne et probablement antérieure au premier éta-
blissement des Romains dans les Gaules.
   A l'égard de la destinée ultérieure de notre ville primi-
tive, on se heurte à des difficultés non moins graves. A
prendre à la lettre le passage de Clitophon, il semblerait
même qu'elle n'existait déjà plus de son temps. Car il
commence en signalant une montagne et non une ville. Ce
serait néanmoins tomber dans des arguties que s'arrêter à
de pareils détails. On pourrait épiloguer longtemps sur cela
sans arriver à une conclusion sérieuse.
   L'argument si souvent allégué, tiré du silence de César a
moins de valeur encore. Les Commentaires ne sont pas un
traité de géographie ; le conquérant mentionne seulement
les lieux qui ont joué un rôle dans les événements ; Lugdu-
num n'est pas cité, parce qu'il ne s'y est rien passé d'inté-
ressant pour l'intelligence des faits. Si, du reste, on admet-
tait ce raisonnement, il faudrait dire qu'il n'y avait point de
villes chez les Ségusiaves, car César n'en nomme aucune,
pas même la capitale, ni Roanne, situé sur un passage de


  (13) M. Allmer (Revue épigraphique, loc. cit.), mentionne l'ortho-
graphe Aiepo marus donnée par une inscription, et ailleurs (Op. laud.,
n° 9, 1880, p. 130), cite un Gaulois nommé Atepo, sans la terminaison
marus.