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                  A UN LYONNAIS DE LYON                    213

 frique, et autres lascars. Ses vocables les plus usuels sont
fourbi, frichti et chaparder.
    Un autre baragouin — mais je passerai vite, car il me
 donne sur les nerfs — c'est le zraïlîte, moun âmi, dialecte
 franco-sémite, qui jouit chez nous d'une faveur incroyable,
 surtout dans le style polémique. De graves personnages,
 des hommes publics et politiques le cultivent avec succès,
 paraît-il, et on lui doit des fantaisies assez divertissantes.
En t&mps d'élection, c'est une fureur : on en fait une arme
pour le pamphlet. Dans les heures de trouble, c'est pis :
 ceux qui le parlent, mais qui le parlent pour de bon, et non
par moquerie, sont rossés. Tout de même qu'aux Vêpres
Sicilieanes, on donnait à prononcer le mot ciceri aux gens
qui étaient trouvés dans la rue, et qu'on égorgeait quiconque
le prononçait avec un certain accent, ainsi, dans ces heures
que nous traversons quelquefois, celui qui prononce ces
mots de zraïlîte, moun âmi, avec une certaine intonation
nasillarde et pointue, bien connue par ici, voit la porte de
sa maison enfoncée et reçoit de fameux horions. Tout cela,
bien entendu, au nom de la fraternité des terres libres.
   Il y a encore le charabia imité de l'anglo-maltais et des
vendeurs de sardines, qui ne manque pas d'une manière de
ragoût pour les initiés. II y a encore des sous-genres et des
succédanés, des vocabulaires et des gloses, qui font le bon-
heur de quelques-uns. Et tous ces parlers ont leurs légendes
et leurs morceaux célèbres, leurs procédés et leur règle du
genre ; ils ont quelquefois leurs journaux et leurs théâtres ;
ils ont leurs types populaires, comme Chaloum, fils de
Mardochée; comme Paolo Hanza, comme Salvo Batata,
comme Dache : — Dache, le perruquier des zouaves, vous
connaissez bien ?
  Pour ce qui est de la langue moresque proprement dite,