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HISTORIQUE DES FOUILLES 277 que je questionnai M. Rouher; malgré notre vieille inti- mité, il ne me répondit que d'une manière évasive. Dans les hautes régions du pouvoir, il y a parfois une réserve et une circonspection qui s'imposent. M. Mocquard, l'ami de la maison impériale, était alors une puissance qui guidait et dominait souvent l'Empereur. Malgré ce silence obligatoire, il n'en restait pas moins certain que la tentative de faire cesser les fouilles était le résultat d'un petit complot tramé dans l'entourage de Napo- léon III et ourdi à l'insu du Ministre des Travaux publics ; il est certain aussi que, sans la circonstance fortuite qui m'avait amené à Paris, il aurait abouti; que les ordres don- nés par M. Mocquard auraient été exécutés comme éma- nant de M. Rouher; que les objets et les rapports expédiés par M. Cadot ne seraient jamais parvenus à leur impérial destinataire, et que celui-ci serait resté persuadé que les fouilles n'avaient rien produit. Voilà pourtant comment un Souverain tout puissant, auquel on n'osait résister pas plus à l'étranger que dans ses États, aurait pu être déçu dans ses volontés pour des questions personnelles qui l'intéressaient vivement; comment un Ministre d'une clairvoyance et d'une habileté hors ligne, était l'instrument involontaire de mesures qu'il n'avait pas prescrites et contraires à ses volontés. Au fond, M. Rouher, malgré son indifférence calculée, était vive- ment piqué d'avoir été joué en cette circonstance. Il ne laissa pas de le faire paraître en me témoignant le désir d'être débarrassé de cette affaire et en me priant avec instance de m'entendre avec M, de Franqueville et de faire en sorte que le Ministère des Travaux publics n'eut plus à s'occuper de cette question archéologique qui n'était pas de son domaine, étant personnellement peu apte et peu disposé à s'occuper de vieux ossements et de vieux débris préhistoriques.