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250                LES PEINTURES DÉCORATIVES

s'inquiéter s'il ressemble aux hommes consacrés qui l'ont
précédé.
   Il leur est permis de la sorte de trouver que Puvis de
Chavannes est original, tellement sincère qu'on le traite
de primitif, paysagiste et harmoniste incomparable, restant
le seul des contemporains à connaître le magnifique secret
de la composition sur la muraille, du mariage de l'architec-
ture et de la peinture, le secret de la fresque sereine et lim-
pide, qui est le poème homérique dans l'art (2). Ce sont les
promenades au Panthéon qui ont conquis à Puvis de Cha-
vannes le plus grand nombre de ses admirateurs ; par ce
qu'on y compare les pages radieuses et fraîches de l'histoire
de sainte Geneviève aux pauvretés de certains voisins, aux
violences éclatantes de Jean-Paul Laurens qui secouent les
murs et semblent les désagréger, ou bien aux banalités
savantes de Cabanel qui ne dépareraient pas les galeries de
Versailles. On dit une pauvre chose lorsqu'on avance que
Puvis de Chavannes dessine peu et n'exécute guère.
Cependant l'artiste déterre de temps en temps de ses car-
tons des dessins d'exécution rigoureuse, témoins certains
de sa science ; on a pu les voir l'an dernier à l'Exposition
des dessins et portraits du siècle à l'Ecole des Beaux-Arts,
et à l'Union des arts décoratifs; de plus, il glisse malicieu-
sement dans toutes ses compositions quelque morceau
parfait, à titre d'air de bravoure.
   Mais, encore une fois, si formes et couleurs sortent en
grande partie de l'esprit humain, ou sont à tout le moins


  (2) Les peintures de Puvis de Chavannes ne sont pas à proprement
parler des fresques, puisqu'elles sont marouflées sur le mur; nous
voulons seulement dire qu'elles suivent les lois de la fresque et en ont
absolument l'effet.