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                   DE PUVIS DE CHAVANNES                      249

ne s'y soit pas battu comme aux Burgraves, car il a quelque
chose de pire que le mauvais goût, c'est l'indifférence. Au
reste cette discussion vive à laquelle est soumis cet artiste
n'a rien qui puisse étonner; elle flatterait plutôt quand on
se rappelle que des maîtres, tels que Géricault, Eugène
Delacroix, Rude, Courbet, Corot, Théodore Rousseau- et
Millet, sans compter les autres, ont été ou méconnus ou
violemment contestés, ou refusés au Salon, ou même souf-
frants de la faim comme J. F. Millet. Puvis de Chavannes
a le malheur d'être plus heureux; tout critique d'art ren-
dant compte d'une Exposition, commence à parler de lui
avant tout autre ; les plus hautes récompenses lui ont été
décernées par les artistes eux-mêmes; il fait école sans
avoir d'élèves, et ses œuvres trouvent la magnifique hospi-
talité des monuments publics; après Lyon, c'est l'amphi-
théâtre de la nouvelle Sorbonne qu'il va décorer.
   L'indignation bourgeoise, car il y a beaucoup de bour-
geoisie dans les arts, qui persiste contre lui, vient de ce
que la plupart se mettent, pour forger leur appréciation,
dans un moule traditionnel que rien ne peut entamer. Pour
ceux-là, quand on ne dessine pas d'une certaine façon, on
ne dessine point; quand on n'accommode pas sa peinture à
de certains effets, on ne sait peindre. Ceux qui aiment
notre maître, sont ceux qui sont indifférents aux langages,
aux recettes et aux écoles, qui pensent que l'art est un
produit de l'esprit, infiniment varié et qui doit varier
comme lui, que l'art se propose surtout de traduire le sen-
timent à l'aide des moyens sans nombre fournis par la nature,
et lorsqu'un artiste, quel qu'il soit, s'appuyant vraiment
sur cette nature, leur dit de vraies paroles et de nouvelles
paroles,, qu'il se livre tel qu'il est, ils veulent l'admirer sans