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224 L'EMPEREUR D'-ARLES n'est peut-être pas une œuvre aussi « provençale » que le titre semble le promettre. La donnée en est empruntée à l'histoire locale; l'auteur y témoigne d'une filiale tendresse pour ce coin de terre que Méry a nommé « l'Italie des Gaules; » mais la langue que parlent ses héros est celle du théâtre moderne, trahissant par endroits quelques ressou- venirs de Corneille. C'est, en effet, auprès de ce maître que M. Mouzin paraît avoir cherché les types de ces divers personnages. Je me hâte d'ajouter qu'il n'entre nullement dans ma pensée d'in- sinuer que le jeune poète avignonnais a commis un pas- tiche. En proposant de le rattacher à la lignée de l'illustre Rouennais, je traduis une impression personnelle et je crois adresser un compliment à M. Mouzin. Il est un point, d'ailleurs, par lequel il diffère complète- ment du maître : une teinte de mysticisme enveloppe tous ses personnages, et seul, Maximien, beau-père de Constan- tin, s'offre comme une nette incarnation du vieil esprit de la Rome conquérante et païenne. Car — à peine est-il besoin de le dire — l'Empereur d'Arles, c'est Constantin. L'auteur a choisi, pour nous présenter son héros, cet épisode de sa vie, où l'ex César- Maximien fait courir le bruit de la mort de son gendre qui aurait été tué à l'armée, sur le Rhin. Maximien s'empare du trésor impérial laissé dans Arles et soulève les troupes de la Province. Constantin, revenu en hâte, fait grâce de la vie à l'usurpateur et l'exile. Mais, à la suite d'une nou- velle conspiration, Maximien se tue de sa propre main. Disons d'abord que Constantin — du moins, tel que M. Mouzin nous le montre — est une nature indécise et peu sympathique. Pour épouser Fausta, la fille de Maxi- mien, il a répudié Minervine, jeune grecque à laquelle il