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L'EMPEREUR D'ARLES 225 était uni par ce que les Romains appelaient un connubium inaquale. Celle-ci est venue à Arles, non pour le détacher de son second hymen, mais pour le décider à embrasser franchement la foi chrétienne : J'eus tes premiers élans, il suffit. Désormais, Je porte mes désirs à de plus hauts sommets. Ce que je veux de toi, c'est l'éternelle flamme, C'est ton âme à jamais, épouse de mon âme, C'est l'union qui n'a ni fin, ni temps, ni lieu, L'extase où l'on se fond, où l'on s'abîme en Dieu ! Mais Constantin, qui consentirait à changer de religion comme il a changé de femme — en vue de faire une bonne affaire — est un néophyte assez tiède, et, parlant du Christ : S'il allait, comme vont tous nos dieux, au désastre? Où voir le Dieu réel ? . . . Chacun de nous en dispose à son tour, Moi pour ma politique, elle pour son amour. Le vrai, tout révélé soit-il, chacun le change ; Pontifes, peuples, rois, nous pétrissons de fange Quelque idole qu'encense, au gré de quelque erreur, Celle-ci, pauvre femme, ou moi, pauvre empereur ! Autre est Maximien, qui se croit sur le point de ressaisir l'empire : Je ne suis pas De ces Césars hantés par des caprices bas, Et tels que Dioclès, qui rendent leur couronne. Vingt nations, voilà mes jardins de Salone ! Je cultive et je fauche à travers les partis. Vous dont le chef n'est plus, tenez-vous avertis, Et votre Christ, couché dans l'oubli par ce glaive, S'il est plus fort que moi, devant moi qu'il se lève ! N° 3. — Septembre 1886. . je