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PEINTRE LYONNAIS 195 loin de là , les ruines de la communauté de sainte Scholas- tique, sa sœur. Ils s'arrêtaient de même à Albano, pour aller admirer le riant village de l'Aricia ainsi que Le beau lac de Némi, qu'aucun souffle ne ride, et ses rivages enchanteurs. Ces promenades dans les montagnes avaient lieu surtout en automne, alors que la nature, au moment de s'endor- mir, semble tenir à se parer de ses plus riches colorations. L'hiver venu, nous allions quelquefois au théâtre prendre des leçons de prononciation, et du même coup, applaudir Goldoni, le Molière italien. Mais le plus souvent, c'étaient les marionnettes que nous honorions de notre présence. C'était beaucoup moins cher et l'on y riait bien da- vantage. Les artistes français disséminés dans Rome se réunis- saient pour diner à la tratoria Leppre, via Condotti, et le soir au cercle, où s'élevaient chaque jour des discussions bruyantes et passionnées sur la politique, la religion, sur le monde évidemment trop vieux et qu'il fallait régéné- rer, etc., etc. Comme toujours, plus on discutait, moins on s'entendait. Au milieu de ces disputes interminables, Dumas, tou- jours maître de lui, savait conserver sa modération habi- tuelle. Il n'intervenait qu'avec une telle mesure qu'il était aimé et estimé de tous les partis, même les intolérants et les plus extrêmes. Mais ces querelles, au fond, l'attristaient, comme aussi tous les esprits sérieux. Elles semblaient pré- sager de grands malheurs. En effet, les destinées de Rome s'assombrissaient. Le trouble envahissait la rue. Le ministre Rossi est assassiné