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196                   MICHEL DUMAS

aux portes de son palais ; Pie IX est obligé de fuir.
   Dumas, ainsi que la plupart des artistes français rési-
dant à Rome, se réfugia à la villa Médicis. Le directeur,
M. Alaux, les accueillit comme ses enfants.
   Mais l'émeute, alimentée, comme en 1871 à Paris, du
rebut de toutes les nations, gronde de plus en plus.
L'Académie de France est envahie et ses habitants vio-
lemment expulsés. Heureux qu'on n'attentât pas à leurs
personnes !
   Les situations extrêmes ne durent jamais bien longtemps.
Elles s'émoussent par leur acuité même. L'épée de la
France vint bientôt rétablir l'ordre, et le Pape put rentrer
au Vatican.
   A la suite de ces événements, Dumas revit avec bonheur
son atelier de la Porta Pinciana, et il ne tarda pas à se
remettre courageusement à son grand tableau. Il avait tant
rêvé à ce beau sujet des Adieux de saint Pierre et de saint
Paul allant à la mort, que c'était chez lui une idée fixe,
qu'il avait tournée et retournée par la pensée et par le
crayon. Il voulait absolument terminer ce tableau avant de
quitter Rome et comptait sur lui pour faire sa trouée à
Paris. Même avant de commencer, il avait choisi et retenu
tous ses modèles pour les saints et pour les soldats. Il avait
accoutumé de tout prévoir et de tout fixer ainsi à l'avance,
afin de n'être jamais arrêté en route.
   Comme diversion à sa tâche principale, il continuait de
donner des leçons de dessin dans quelques familles fran-
çaises qui n'avaient pas quitté Rome. Il peignit aussi la tête
martiale du général Cabrera, toile qui figura au Salon de
1852. C'est vers ce temps-là, croyons-nous, que notre
jeune peintre rencontra à Rome son compatriote, M. Paul
Chenatard, qui vient d'être élu membre correspondant