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176             HISTOIRE DES DEUX ANTOINE

    En 1814 et 1815, la même garde d'honneur fit son service
d'escorte pour les princes et princesses qui vinrent à Lyon.
Dans l'uniforme on n'avait changé que les aigles en fleurs
de lis.
    Cette tradition d'escorter les princes, s'est maintenue
dans les familles lyonnaises, jusqu'à la fin de la Restaura-
tion.
    La garde d'honneur en uniforme, s'était dissoute, faute
d'emploi régulier; mais à chaque passage de princes, une
escorte d'honneur s'improvisait, pour aller les attendre et
les accompagner au premier relai.
    En avril 1830, pour l'escorte du duc d'Angoulème, qui
allait présider à Toulon l'embarquement de la flotte, par-
tant pour la conquête d'Alger, nous étions cent quarante
cavaliers (Monfalcon nous a comptés), plus ou moins bien
montés, quelques uns sur de bons chevaux de selle leur
appartenant, d'autres sur les carossiers de leur famille,
d'autres enfin sur l'élite des chevaux du père Collin, qui
ce jour-là étaient fort étonnés d'être emportés en train de
poste et de prince, comme ils ne l'avaient jamais été de
leur vie.
    Le duc d'Angoulème, arrivé à la préfecture, s'empressa
 de nous recevoir, je ne peux pas dire au débotté, car il
 était en costume de général, avec de grandes bottes à
 l'écuyère, et nous apportions en descendant de nos che-
 vaux 280 bottes couvertes de poussière, dans les salons
 brillants où nous étions reçus et remerciés, avec la grâce et
 l'affabilité proverbiales de la maison de Bourbon. (C'est
 probablement la dernière marque de sympathie qu'il a
 reçu avant de partir quelques mois après pour l'exil.)
    Le soir nous étions éreintés, mais contents, et. sous la
 présidence de M. de Tauriac, un vétéran de l'armée de