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ET DU VIEUX PONT MORAND 175 ce jour-là , était à cheval à côté de lui, et dut répondre à toutes ses questions faites à brûle-pourpoint. Il nous racontait, qu'ils avaient traversé un grand fossé plein d'eau sur un petit pont de bois fort peu solide. A leur passage ce pont s'était rompu et n'avait pas pu porter le reste de l'escorte. Napoléon et mon père seuls avaient passé; les autres obligés de faire un grand détour furent même forcés de se mettre dans l'eau, au grand dommage de leur équipement, et de la propreté de leurs chevaux. S'étant retourné, et voyant son escorte réduite à un seul cavalier, l'empereur eut un premier moment de sur- prise, qui passa bientôt, quand il aperçut, dans le lointain, Roustan arrivant au galop, suivi de tous les autres dans un pitoyable état. En expliquant ce qui était arrivé, Roustan s'excusa de son mieux, pour répondre aux reproches assez vifs de son maître. Dans sa vieillesse, quand il racontait cette aventure, mon père ne pouvait pas oublier son plaisir de jeune homme, d'avoir franchi seul avec l'empereur, ce passage difficile, sans s'être couvert comme les autres, de beaucoup de boue et d'un peu de ridicule. Garde d'honneur sous la Restauration. Les Lyonnais avaient reçu avec enthousiasme Napoléon apportant avec lui l'ordre, la religion et la victoire. Quel- ques années plus tard, après le blocus continental, les appels incessants d'hommes et d'argent, et nos affreux désastres, ils reçurent avec plus d'enthousiasme encore les Bourbons leur apportant la paix avec l'Europe, la liberté du com- merce et la reprise des affaires.