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30 LES DÉBUTS ORATOIRES qu'il avait appris au collège de Montbrison, ce qu'il avait vu n'était pas oublié; il consulta donc avant tout sa mé- moire et ce que le bruit public répandait sur l'illustre mort servit à contrôler ses propres appréciations. Ses confrères de la maison de Lyon achevèrent évidem- ment de l'éclairer, il parla en leur nom comme au sien. Et à cet endroit, nous sommes forcément entraîné à quelques détails sur les rapports de l'archevêque avec FOratoire. On se convaincra, à mesure que nous les donnerons, de la déli- catesse et de l'abnégation que Massillon et ses collègues mirent à oublier leurs griefs, pour s'incliner devant la tombe aux missions des Nouveaux-Convertis et dans les chaires de Saumur, quand il y exerçait la charge de curé et après de supérieur ; d'Orléans où on l'entendit durant deux Carêmes et deux Avents ; de Vienne, de Lyon, etc. Les dernières années de sa vie se passèrent à Paris; en 1707, le Carême de la Ville-l'Ëvêque, aujourd'hui la Madeleine, lui échoit, et nous le voyons encore, en 1713, chargé des conférences religieuses dans l'église de la rue Saint-Honoré. L'éloge du maréchal de Villeroy défend mal sa réputation ; il est assez diffus; le plan manque de netteté; il expose la gloire que le duc a méritée et la gloire qu'il a soutenue ; gloire méritée par ses vertus civiles et militaires aux yeux de Louis le Juste ; gloire soutenue par ses vertus morales et chrétiennes en présence de Louis le Grand. Les mêmes idées se représentent à diverses reprises ; le style est lourd et enchevêtré, la pensée traînante. Nous ne noterons qu'une comparaison que Massillon a employée de nouveau et pour le même objet. Il est question des protestants qui abjurèrent l'hérésie après la révo- cation de l'édit de Nantes : « Le temple spirituel du Seigneur, dit le P. David, fut amplifié sans bruit, comme on bâtit autrefois un temple matériel sans qu'on y entendît aucun coup de marteau. » Nous lisons dans notre orateur : « Tandis que dans les autres provinces l'hérésie attend des coups pour expirer, et qu'il faut tailler ces pierres spiri- tuelles pour les faire entrer dans l'édifice sacré de l'Eglise, notre sage prélat emploie-t-il pour les ramener d'autre force que ses raisons? Et