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394                   COtJRTB RÉPONSE A

 Jésus-Christ, et j'invoque un témoignage qui remonte au
 commencement du vi e siècle avant notre ère.
    Ainsi, se concilie encore la double affirmation do
 Solinuset de Velleïus Paterculus, déclarée contradictoire
 en Allemagne, en laissant vivre Homère jusqu'au temps
 où les anciens le faisaient mourir, c'est-à-dire 936 ans
 avant Jésus-Christ, et dans la soixante-douzième année
 qui suivit la prise de Troie, ramenée en l'an 1008 ou 1010,
 au lieu de 1208, ou 1184, date adoptée dans le discours
 de Bossuet sur l'histoire universelle.
    Ce sont exactement encore les vingt générations
 (ou 660 ans) écoulées entre Achille et Alexandre-le-Grand,
 d'après la tradition constante des dynasties Macédo-
 nienne et Epirote, qui avaient bien quelque intérêt à le
 savoir, et quelques données plus précises que les nôtres,
 à cet égard, surtout si l'on songe au culte passionné
 d'Alexandre pour Homère et pour Achille.
    Enfin, une dernière observation m'a toujours vivement
 frappé : une phrase stéréotypée qu'on rencontre dans
 chaque manuel et dans tous les dictionnaires, nous apprend
 que le retour des Héraclides et l'établissement des Doriens
 dans le Péloponèse fit rétrograder pour longtemps la
 civilisation en Grèce, et devint l'origine d'une sorte de
 moyen-âg-e hellénique qui dura cinq à six siècles. Outre
 qu'il ne faut guère admettre ces sortes de comparaison,
dont le moindre tort est de contenir une appréciation
injurieuse d'un temps, peu connu de ceux qui en parlent
ainsi, il y a lieu de se demander comment l'on a choisi cette
nuit obscure de la barbarie grecque pour y placer préci-
sément ses deux plus beaux génies, Hésiode et Homère ?
A force de vouloir éloigner ce dernier du temps où
vivaient ses héros, et de nous répéter qu'il a décrit une
civilisation et des arts postérieurs de plusieurs siècles à
laprise de Troie, on en est arrivé non-seulement à nier tout
ce qu'enseigne à cet égard la docte antiquité, mais encore
à dégager une très-absurde conclusion, contraire en tous
points aux données de l'histoire. On fait, de ce moyen-âge
grec, le temps où vécurent ses plus illustres poètes, où
fleurirent les arts et les sciences dont ils nous ont laissé
la plus fidèle description ; tandis qu'il y avait un parti si
simple à prendre de bonne foi, c'est d'accorder Thucy-
dide avec Solinus, et de ne commettre V. Paterculus
avec aucun de ces deux écrivains, qui, pour n'avoir