Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
               LETTRE DE M. ROLAND DE LA PLATIÈRK.                       301
   Peut-être, dans l'examen de ces dures conditions, se deman-
dera-t-on pourquoi l'Assemblée nationale a voulu nous les im-
poser? Pourquoi? MM., par un esprit de justice et d'ordre vrai-
ment digne d'elle, et auquel nous devions nous attendre.
   Nous avons bien exposé nos besoins ; mais nous n'avons pas
fait connoître notre situation, parce que nous l'ignorions nous-
mêmes. Les législateurs auroient oublié leur sagesse et com-
promis leur équité, si, dans cette obscurité, ils eussent donné
la permission pure et simple d'emprunter, comme ils l'ont ac-
cordée à quelques autres villes, qui, apparamment, avoient pu
offrir un tableau satisfaisant de leur état. Ils nous ont donné une
permission dont on ne peut abuser, et dont les conditions nous
obligent à nous replier sur nous-mêmes, et à prendre enfin les
connoissances que nous n'avons pas encore acquises.
    On dira, comme on l'a déjà cité, qu'il a été dressé un apperçu
des affaires de la ville (1) ; mais, encore une fois, un apperçu, qui
peut être un ouvrage intéressant en soi et un travail considé-
rable pour celui qui le fait, ne suffit point à ceux qui ne doivent
se déterminer et agir que d'après les choses qu'il faut, consé-
quemment, mettre dans tout leur jour.
   En finance, comme dans le commerce, on ne fait rien sans l'exac-
titude et la clarté des comptes ; or, des comptes ne sauroient être
exacts et complets sans la réunion de toutes les données qui doi-
vent les fournir. Jamais, dans les affaires d'une commune, non plus
que dans celles du trésor public, et comme chés le plus petit par-
ticulier, on ne rétablira l'ordre, l'économie, l'aisance, à plus forte
raison, la prospérité, sans la plus parfaite connoissance des re-
venus, des charges et des moyens. Je reviendrai sur cet objet.
Je passe à l'avance qui nous est offerte.
    2° cinq cens mille livres nous seront données par le fermier
des octrois. Devés-vous, pouvés-vous, MM., vous rendre débiteurs
 d'un homme qui, par sa place (2) , doit être incessament soumis

  (1) Aperçu de la situation générale de la caisse municipale au 29 avril 1790.
  (2) M. d'Audignae, qui occupait alors la charge de directeur et receveur-
général de la ferme des octrois patrimoniaux de la ville.