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               NOTICE SUR AMBROISE COMARMOND,                13

   .Mais ce qui distinguait surtout M. Gomarmond c'était ce
coup-d'œil d'un antiquaire exercé par une longue pratique
qui lui faisait reconnaître, au premier aspect, ce qu'était un
objet antique qu'on lui présentait. Il lui assignait à l'instant
même sa destination, son siècle et la nation à laquelle il
avait appartenu. Il savait surtout se garantir des fraudes
des faussaires, après leur avoir néanmoins payé tribut dans
les premiers temps où il se livra à ce genre d'études. Mais
quel est l'antiquaire qui pourrait se vanter de n'avoir jamais
été leur dupe ?
    M. Comarmond a eu de nombreux amis et il le méritait.
Il était heureux de pouvoir rendre service et jamais le désiv
d'obliger n'a été poussé plus loin. Une de ses principales
qualités était un désintéressement bien rare a l'époque où
nous vivons. Il se croyait presque obligé de venir au se-
cours de ceux qui, ayant fait une découverte utile dans les
arts ou l'industrie, n'avaient pas les capitaux nécessaires
pour l'exploiter : ses intérêts et sa fortune ont eu bien à
souffrir de sa trop grande facilité à cet égard.
    Il a vu approcher la mort avec la fermeté que donne une
bonne conscience. Ses connaissances de médecin ne pou-
vaient lui laisser aucun doute sur l'imminence du danger.
Peu de jours avant sa fin (1), il a écrit à ses amis des lettres
d'adieu où respire toute la bonté de son âme, dans un de
ces moments suprêmes où l'on se montre tel qu'on est.
M. le docteur Fraisse, secrétaire général de la Compagnie,
dans quelques paroles prononcées sur sa tombe, a su
dignement apprécier les qualités éminentes du confrère que
nous avons perdu.

 (1) Elle a eu lien le 6 décembre ISS"!,