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 238                                       BEAUX-ARTS.
  deniers de veuves et d'orphelins ; souscriptions, offrandes en nature, vivres
  et linges, tout était accepté, même dans les plus modestes proportions.
     Adélaïde Perrin ne vivait que pour son œuvre, et on peut dire par son
  oeuvre ; car l'avenir -en était assuré lorsau'clle mourut, en 1838, à l'âge
  de 49 ans.
     Aux locations succédèrent les acquisitions. La maison à tourelle, la bras-
 serie Koch, située à l'angle des rues Bayard, aujourd'hui Ravez (1), et Puits
 d'Ainay, aujourd'hui Adélaïde Perrin; les bâtiments longeant la rue de
  larente et faisant retour surles rues du Chapitre et Adélaïde Perrin, en un mot
 tout ce qui occupait ce vaste périmètre est désormais la propriété de l'hospice.
     La maison à tourelle carrée a disparu pour faire place à une aile cons-
 truite d'après un plan très sobre d'ornements mais d'un bon effet de
 lignes. Une autre aile sera probablement élevée en 1860 et toute l'île, tout
 le quadrilatère sera plus tard occupé par ce monument de la plus ingé-
 nieuse piété. La façade principale regardera le nord.
     C'est ainsi qu'un seul grain de la parabole divine a pu nourrir tout d'abord
 une, deux, trois pauvres filles couvertes de plaies et d'infirmités, et qu'il
 en nourrit aujourd'hui cent cinquante.

     Le mois d'août a vu revenir l'exposition annuelle des concours des élèves
 de notre école des Beaux-Arts, après une distribution de prix à laquelle
 est donné le plus solennel éclat, en vertu d'un usage traditionnel qui con-
 tribue puissamment à rehausser l'importance et les succès d'une institution
 destinée à devenir, avec la Martinière, une des causes principales de la
 renommée et en même temps de la prospérité de la ville de Lyon.
    L'exposition de cette année montre que l'enseignement suit les errements
un peu routiniers de son ancienne méthode classique. Tout compte tenu de
la force des sujets qui concourent, on pourrait désirer mieux, beaucoup
mieux peut-être ; on pourrait aussi avoir pire.
    Les nuances de supériorité dans la peinture du modèle vivant, le plus
haut degré de l'enseignement, sont assez difficiles à saisir d'une année à
l'autre ; la science, la méthode, la couleur elle-même se suivent et se res-
semblent avec une touchante identité : l'œil exercé du maître est bien là.
    La fleur, cet autre point capital de l'enseignement, est peinte avec un
grand luxe d'effets, souvent beaucoup mieux réussis qu'on ne s'y serait
attendu. Mais l'exactitude du dessin, mais la composition des sujets, mais
l'application de la fleur à l'ornement des tissus, où en est elle et que vaut-
elle ? Nous ne cessons d'entendre les fabricants de riches étoffes, de style
ou de goût, se plaindre que Saint-Pierre ne leur donne plus de dessinateurs.
Nous les voyons demander à Paris, à Mullcr et à d'autres, leurs grands
dessins d'art ; quelques uns s'adressent à des peintres purement décorateurs ;
d'autres à des architectes érudits. Voilà le fait. De ses conséquences on est
fatalement conduit à ses causes.
    L'architecture végète : pauvres sujets, pauvre exécution. Et pourtant elle
est professée par un des artistes les plus estimés et les plus éminents dont
la France puisse s'honorer, nous ne disons pas : dont Lyon puisse s'honorer.
    La sculpture lutte autant qu'elle peut contre les obstacles et les écucils
qui l'embarrassent. Le bas-relief Ecce Iwmo, laissait deviner de bonnes in-
tentions et de sages principes. La figure froidement modelée d'après nature,
accusait une étude déjà sérieuse et infiniment mieux comprise que celles
d'après l'antique ; seule la sculpture d'ornement, jeune et inexpérimentée,
devait être quelque peu honteuse de se voir forcée de paraître en public.
   (1) Bavard a vécu dans les lieux que traversait la rue qui portait son nom.et demandait à cause
de cela à le garder ; le nom de l'illustre Ravez. revenait de droit à la rue où il est né d'une humilie
raccommodeuse de parapluies et qui norte le nom, assez insignifiant aujourd'hui, de rue Gentil.