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              LETTRE DE M. ROLAND DE LA PLATIÈRE.                         303

je ne cesserai de les demander ; et, d'après ce que j'ai exposé
plus haut, je résume aujourd'hui comme l'autre fois (le 19 cou-
rant) qu'il faut :
   1° Demander du tems à vos créanciers, parce que vous n'avés
pas de quoi les payer à ce terme, et que les moyens qui vous
sont offerts sont trop onéreux : j'ai fait voir comment.
   2°. Employer scrupuleusement ce tems à dresser les comptes
de la Ville, et faire le tableau de sa situation. C'est seulement
lorsque vous aurés ces comptes et ce tableau que vous jugerés
sainement de vos moyens et de vos ressources, de la quotité et
de la nature des emprunts que vous pouvés faire et des enga-
gements qu'il vous sera permis de prendre, etc.
   « Je ne me lasserai point de le dire, parce qu'il est de ma
conscience, du devoir de ma place (i), de mes principes et de
ma façon de voir, d'insister et de le réclamer : il faut des comptes
entiers et parfaits, préalablement à tout. C'est la lettre et l'esprit
de la loi ; c'est le vœu de la justice et de la raison ; c'est le fil
à l'aide seul duquel vous puissiez sortir du labyrinthe.
   Je résume encore une fois : n'acceptons actuellement ni l'em-
prunt ni l'avance, parce que nous ne sommes pas en état de juger
toutes leurs conséquences, et qu'ils nous menacent de grands
inconvénients : demandons du tems et employons ce temps dili-
gemment à faire des comptes si clairs, qu'ils puissent nous servir
de guides et de flambeaux dans notre conduite subséquente.
   Le vœu de la pluspart d'entre vous, MM., àvoit été de faire
insérer ma précédente discussion sur cette matière au procès-
verbal. J'ai regretté, plus d'une fois, de n'y avoir donné qu'un
simple acquiescement et de n'avoir point insisté sur l'exécution
de la chose ; le public auroit eu un moyen de me juger avec
impartialité.
  Je vous prie, MM. , de trouver bon que cet exposé de mon
opinion y trouve place aujourd'hui.
                                             ROLAND DE LA PLATIÈRE.
    Lyon, le 30 juin 1790.


  (1) À l'époque où il écrivait ceci, Roland, en sa qualité de notable, faisait
partie du Conseil général de la commune de Lyon.