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                            EN BUGEY.                          443
 bronay et près de Saint-Denis, où l'on montre les mottes ou
 fortifications sarrazines, ils livrèrent de nombreux combats aux
 guerriers Bourguignons et Ambarres, pénétrèrent dans les vallées
 de Nantua, de Saint-Rambert et de Briord, et consommèrent
 dès lors leur dispersion , quelques tribus ayant été anéanties
 dans les montagnes, a'autres ayant pu, à grande peine, rejoindre
 les Pyrénées par le Dauphiné et la Provence; d'autres enfin,
 s'étant fixées pour toujours dans les environs de Grenoble et de
 la Grande-Chartreuse , sur les bords du Rhône , à Benonce , à
 l'Huis, à Briord, ainsi que dans les épaisses forêts des bords de
 la Saône, et principalement à Boz et à Uchizy.
    Souvent un torrent qui arrache les grands arbres et renverse
 les habitations, laisse après lui, sur le sol qu'il a couvert, un
 limon qui l'engraisse et le fertilise; les Sarrasins, dans leur
 passage, enrichirent la Bresse et le Bugey, du blé noir qu'ils
 avaient apporté de l'Orient, et laissèrent dans les marais de la
Bresse, une race de chevaux qui se fait remarquer encore par
sa patience, sa sobriété et sa vigueur.
    A la suite de ces secousses qui avaient changé la face de nos
pays et renversé la civilisation, la société sentit le besoin de se
réorganiser et de s'établir sur des bases solides et profondes. La
féodalité, importée de la Germanie, parut seule assez puissante
pour rassembler les populations et les rassurer. Autour des ma-
noirs bâtis sur la crête des rochers, et gardés par des seigneurs
voués par état aux dangers et aux fatigues de la guerre, les
 agriculteurs et les bergers purent trouver un peu de sécurité et
de repos. Des capitaines résolus et vaillants s'emparèrent de
ces points élevés où les Romains avaient établi leurs signaux ;
les vieux murs de briques et de pierres, bâtis par Agrippa, ser-
virent de premier appui aux nouvelles fortifications et les châ-
teaux de Miribel, de Montluel, de Saint-Sorlin, de Briord, de
Groslée, offrirent bientôt un abri que nul n'aurait impunément
violé.
    Des familles guerrières et puissantes grandirent et se perpé-
tuèrent au milieu de ces redoutables remparts ; seule, la tour de
Saint-Denis ne parut pas offrir assez de sécurité pour qu'un ba-