Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
88                     RAPPORT DE M. i.     MOR1N.

mais vous n'avez pas voulu embrasser ces généralités dans
votre examen et dans votre jugement ; elles vous auraient
détournés de votre but. Vous avez posé la question de
l'égalité entre l'homme et la femme, non par rapport à leur
égalité absolue ou métaphysique, ni par rapport à leur exis-
tence politique et civile telle que nos lois la constituent,
mais seulement quant à la rémunération pécuniaire du tra-
vail, quant au salaire. Vous avez vu un fait existant d'où
résulte une souffrance-pour une grande partie de l'espèce
humaine, et vous avez cherché, dans un esprit de justice et
de philanthropie, les moyens de la faire cesser. En second
lieu, l'égalité que vous avez désiré voir s'introduire dans la
rémunération des personnes des deux sexes a pour limite
et condition l'égalité des services ou du travail. Vous êtes
partis de cette règle que le salaire a une relation nécessaire
avec la valeur du produit ouvré. C'est l'application de la
maxime : A chacun suivant ses œuvres. Plus est peut-être
du domaine de la charité, mais est hors des règles inexora-
bles de la science économique. Tel est le but que vous avez
déterminé et formulé. Quant aux moyens de l'atteindre, votre
programme énonce l'indication de nouvelles carrières, afin
que les femmes, chassées des anciennes par les change-
ments qui s'introduisent successivement dans l'industrie,
ou réduites a n'y trouver que des moyens d'existence insuf-
fisants, rencontrent dans d'autres travaux les rémunérations
nécessaires à leur tâche terrestre.
   Votre rapporteur est donc réduit, Messieurs, à passer
sous silence des travaux qui, en général, ont une certaine
valeur et dont quelques uns sont remarquables (1), pour

     (1) Nous croyons cependant devoir consacrer une note aux plus impor-
tants de ces travaux.
   Voici d'abord un grand ouvrage intitulé : Mémoire sur la valeur sociale