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4M de sa nation ., ctu ce n'est pas hier seulement qu'on a dit : L'armée est ia nation des camps ( i ) . Les batailles, ces grands drames sanglants où se joue toute la destinée des h o m m e s , n'ont qu'un petit nombre d'acleurs principaux, qui font mouvoir les masses; acteurs dont le temps efface le caractère, ne laissant plus que quelques traits épars sur lesquels il faut reconstruire l'individu tout entier. Un seul m o t , quelques lignes d'un historien nous appren- nent le dénouement d'une grande bataille ; d'après ce mot, d'après ces quelques lignes, il faut que notre imagination , aidée de la science, retrouve les champs où elle s'est livrée, les causes de la perte ou du gain de la victoire , les consé- quences qu'elle a entraînées après elle. Un seul nom de vil- lage, obscur, oublié, que le passant indifférent laisse tom- ber avec insouciance de ses lèvres ; ce n o m , en frappant vos oreilles, réveille lout-à -coup dans votre cerveau des souve- nirs presque éteints ; l'étymologie vient à votre secours ; quelques auteurs , délaissés dans les rayons poudreux d'une bibliothèque , vous ouvrent leurs pages vieillies et négligées; et vous êtes tout étonné de refaire vous-même, dans le présent, un de ces faits gigantesques qui apparaissent de loin en loin dans le inonde ; vous déroulez toute la péripétie d'une ba- taille ; et elle e s t , parce que vous êtes venu lui redonner l'existence. Il y a deux écueils à éviter dans les recherches historiques: la chaleureuse fougue de l'imagination , qui vous 'emporte au l o i n , et vous pousse quelquefois hors des limites du v r a i ; la froide impassibilité de la raison , qui, touchant tout de ses doigts glacés, jette dans un récit la sécheresse et sou- vent l'aridité. Le plus sûr moyen de réussir est d'équilibrer ces deux puissances l'une par l'autre, de l'aire converger ces deux forces énergiques vers un même point, la vérité. 'A) Le général Foy.