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168 retraite, nous demandons à tous les hommes raisonnables quelle défense pourrait être plus raisonnable que la nôtre; ce sera celle du plus entier dévouement.... Nous nomme- rons la place où notre colonie est établie le Champ d'Asile. Ce nom, en nous rappelant nos adversités, nous rappellera aussi la nécessité de fixer nos destinées, d'établir de nou- veaux Dieux Pénates.... Les Réfugiés n'admettent parmi eux que des Français ou des militaires qui ont servi dans les rangs de l'armée française. Pour se joindre à eux il suffit de posséder un de ces deux titres et de se rendre à la Nouvelle Orléans. Là on trouvera tout ce qui est nécessaire pour être conduit et reçu au Champ d'Asile. A peine s'était-on reconnu et compté, que l'on se mit à commencer l'œuvre d'organisation. Le Champ-d'Asile, placé à vingt-cinq lieues de la mer du Mexique, s'appuyait à l'est sur la rivière de la Trinité. Au sud et à l'ouest, il était garanti par des parties de forêts primitives ; au nord, s'ouvraient des plaines, des savannes immenses, qui s'étendaient jusqu'à la Louisiane. On se mit en état de défense de ce dernier côté, en élevant trois forts qui fermèrent l'espace libre, et un quatrième fut construit plus au sud, au bord même de la Trinité. Huit pièces de canon armèrent ces fortifications. Les maisons d'habita- tion furent construites en arrière, sur un plan demi-cir- culaire , ayant sa circonférence tournée vers le sud. Elles étaient formées de gros arbres solidement assemblés et crénelés comme des blockauss. Sur les flancs, se trou- vaient le magasin général des corps de garde et les habi- tations des chefs de la colonie. Au centre de tout l'éta- blissement, s'élevait un arbre gigantesque, au haut duquel était arboré l'étendard tricolore, alors sublime symbole de liberté, do puissance et de gloire; noble bannière