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retraite, nous demandons à tous les hommes raisonnables
quelle défense pourrait être plus raisonnable que la nôtre;
ce sera celle du plus entier dévouement.... Nous nomme-
rons la place où notre colonie est établie le Champ d'Asile.
Ce nom, en nous rappelant nos adversités, nous rappellera
aussi la nécessité de fixer nos destinées, d'établir de nou-
veaux Dieux Pénates.... Les Réfugiés n'admettent parmi
eux que des Français ou des militaires qui ont servi dans
les rangs de l'armée française. Pour se joindre à eux il
suffit de posséder un de ces deux titres et de se rendre à
 la Nouvelle Orléans. Là on trouvera tout ce qui est
nécessaire pour être conduit et reçu au Champ d'Asile.
   A peine s'était-on reconnu et compté, que l'on se mit
à commencer l'œuvre d'organisation. Le Champ-d'Asile,
placé à vingt-cinq lieues de la mer du Mexique, s'appuyait
à l'est sur la rivière de la Trinité. Au sud et à l'ouest,
il était garanti par des parties de forêts primitives ; au
nord, s'ouvraient des plaines, des savannes immenses,
qui s'étendaient jusqu'à la Louisiane. On se mit en état
de défense de ce dernier côté, en élevant trois forts qui
fermèrent l'espace libre, et un quatrième fut construit
plus au sud, au bord même de la Trinité. Huit pièces de
canon armèrent ces fortifications. Les maisons d'habita-
tion furent construites en arrière, sur un plan demi-cir-
culaire , ayant sa circonférence tournée vers le sud. Elles
 étaient formées de gros arbres solidement assemblés et
crénelés comme des blockauss. Sur les flancs, se trou-
 vaient le magasin général des corps de garde et les habi-
 tations des chefs de la colonie. Au centre de tout l'éta-
blissement, s'élevait un arbre gigantesque, au haut duquel
 était arboré l'étendard tricolore, alors sublime symbole
 de liberté, do puissance et de gloire; noble bannière