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386 Mais, après tout,le bourreau n'est qu'un instrument ignoble, jugé et flétri par la répulsion générale et quoiqu'il y ait une grande leçon philosophique par le fait de cette répulsion de la masse contre un homme dont la loi a besoin, nous avons compris que frapper l'instrument n'était point anéantir la cause qui le faisait agir. Notre siècle essentiellement logique sent le besoin de r e - courir à la source du mal ; ainsi, abandonnant le bourreau qui lue, on remonte au juge qui condamne ; celte pensée nous semble avoir inspiré le livre dont nous avons à rendre compte. L'auteur, M. Ànlony Rénal, plein d'une sainte et noble in- dignation, traduit à la barre de l'humanité un juge des cours prévotalesel nous ramène au souvenir de 181G, à cette époque où notre ville surtout fut témoin d'une rigueur déplorable, et gémit d'une seule voix sur le martyre de pauvres adolescents que les larmes et le désespoir sans nom de malheureuses mères ne purent arracher à l'échafaud, M. Anlony Rénal, dans la Robe rouge , nous peint un des présidents de cours prévôlales qu'égara cruellement un roya- lisme effréné, et qui envoya sans pilié des têles innocentes rouler sur l'échafaud. L'auteur a rendu ce personnage fort dramatique par le remords dont il est assiégé. A côté de cet homme de sang est posée une gracieuse figure de jeune fille, suave de bonté et d'amour ; elle est aimée du jeune peintre Arnold, le héros du roman de M. Antony Rénal. C'est un artiste de talent,^ l'atne dorée, nous dit l'auteur, ùl'imagi- natwn échevelèe, à l'ame de poêle. Faire l'analyse de cet onvra- ge nous entraînerait trop loin ; d'ailleurs nous ne voulons pas enlever au lecteur l'intérêt puissant et dramatique de cette composition en lui narrant d'avance l'action et le dénouement mais nous dirons que la Robe rouge est le livre le plus com- plet et le plus saillant de l'auteur; le style abonde en figures poétiques et il a souvent de la verve. Il faut avouer cependant que M. Antony Rénal abuse parfois de la description, et pousse trop loin le luxe des 'épithètes,