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19G héraldiques, le besoin de rendre avec finesse les détails du blason, fit trouver les verres à deux couches, que les anciens artistes appelèrent émaux. Cette découverte, qui doubla en quelque sorte les ressources de l'art, est due au célèbre John van Eyck, plus connu sous le nom de Jean de Bruges, inven- teur de la peinture à l'huile. Les verres employés à cette époque étaient teints ou colorés dans leur masse; les rouges seuls ne pouvaient s'obtenir qu'en étendant, dans la formation du verre, une couche épaisse et égale de la matière colorante sur une des surfaces de la table ; c'est sans doute la connaissance de ce procédé, aussi ancien que la peinture sur verre, qui inspira à Jean de Bruges l'idée d'obtenir par le même moyen toutes les teintes fondamen- tales. M. Brongniart décrit ainsi la manière dont se faisait les verres à deux couches ; " On enlève avec la meule « la couche coloriée; on met à nu la couche limpide en « lui donnant exactement les contours de l'objet à re- « présenter, on recouvre cette place creuse et incolore « de la couleur qu'on veut donner à l'objet, et on obtient « ainsi un ornement ou une figure d'une couleur différente « de celle du fond sur lequel il est peint. » On ne connaît pas de peinture sur verre de Jean de Bruges; mais l'usage des émaux était universel au XV e siècle; lorsque la réforme en arrêtant en Allemagne et en Suisse les progrès de l'art le força à se réfugier dans la bour- geoisie et à devenir uniquement héraldique, on devine quel parti les artistes tirèrent de cette découverte. C'est de cette époque que datent les vitraux de petite dimen- sion. L'art prit alors un développement extraordinaire et se maintint à un haut degré de supériorité jusqu'au commencement du XVIII0 siècle. On rencontre souvent des vitres suisses datées des dernières années du XVII e