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  — Oh ! quant à cela, nos tribunaux n'ont que trop
souvent à appliquer de sévères et tristes peines à des
monomanes de tout âge, frénétiques en amour. Il existe
des individus qui sont doués d'une plus grande impressio-
nabilité, d'une plus forte et invincible volonté de
possession. J'ai, moi qui vous parle, donné des soins à un
pauvre jeune homme qui s'était brûlé la cervelle parce
que son père refusait de le marier à une sienne et jolie
cousine.
   — Une histoire ! une histoire ! et chacun des person-
nages du petit salon se serra plus près du docteur.
   — Eh ! mon Dieu ! elle n'en vaut pas la peine ; et
puis le dénouement est si absurde.
   — Justement ! dirent les dames, bon docteur, l'histoire!
   — Allons ! fît celui-ci, comme s'il se résignait....?
Ecoutez donc !
   Vous vous souvenez peut-être d'un voyage que j'ai
fait, il y a quelques années, aux environs de Bordeaux.
J'allais recueillir l'héritage d'un vieil oncle.
   Un soir, après avoir, tout le jour durant, entassé chiffres
sur chiffres; causé terres, baux, loyers ; abîmé de fatigues;
maudissant les tracasseries, les hommes de loi et leurs
lenteurs, et ma foi ! presque les héritages, je m'étais couché
et déjà profondément endormi. On m'éveille ; c'était la
vieille gouvernante du défunt, qui, sans me laisser le
temps de me lever, faisait entrer dans ma chambre un
homme essoufflé ! Vite ! vite ! notre jeune maître vient
de se tuer ; il s'est tiré un coup de pistolet dans la
tête.
   En pareil cas j'ai pour habitude de ne jamais faire de
questions; c'est temps perdu: aussi sans demander même
à quoi un médecin pourrait être bon à un homme qui