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s est brûlé la cervelle, je me hâtais ; en un instant, j'étais
prêt, muni de ma trousse, de mon appareil de voyage,
et déjà en chemin, guidé par le domestique qui allait à
grands pas, sans dire mot.
   De la maison de mon oncle, alors ma maison à moi, on
voyait tout auprès un grand et beau château, un site
agréable, de délicieuses eaux, un parc étendu et tenu
avec goût; tout annonçait une riche et opulente maison;
Ton m'avait dit que cette propriété appartenait à un vieux
colonel; il ne lui restait qu'un bras, et quoique jeune
alors, on l'avait mis à la retraite dès les premières guerres
de l'Empire.
  C'était là qu'on avait besoin de moi.
   On me fait monter un escalier, on me pousse dans une
chambre à coucher, et là, prés d'un lit, je vois une tête
blanche, vénérable, belle, penchée sur une tête sanglante,
noire, méconnaissable autrement que par la forme, car
pour les traits du visage .... plus rien !
   Je m'approche, et il se fait un profond silence
Contre son habitude le cœur me battait fort ; j'entendais
les pulsations de mes artères; en vérité j'étais profondé-
ment ému; mais aussi c'est que tout cela était bien im-
prévu ; et puis, ce vieux père qui me regardait sans pouvoir
parler; et puis encore une jeune et bien belle femme à
genoux près du lit, étreignant avec désespoir le bras du
malheureux étendu là. Oh ! je vivrais mille ans que
j'aurais toujours là, présente devant les yeux, cette figure
si puissante, si admirablement sublime d'expression ! la
malheureuse!... elle n'avait pas encore pu pleurer !
   Je devinais tout un drame entre ces trois personnes...
Pauvre jeune homme ! pauvre jeune femme ! pauvre !