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                    A L'ORDRE DU JOUR                      451

à reculer même, lorsque nous fûmes attaqués du côté opposé
par une deuxième colonne ennemie, venant de Roppe et
ayant traversé la forêt de l'Arsot, guidée par l'instituteur
de Vétrigne ; notre combat sur la route, dans les chemins,
au travers des sentiers, entre les arbres de la forêt, jusqu'à
ce que nos cartouches fussent épuisées.
   Enfin, notre arrivée aux Forges, où nous trouvions des
vivres dont nous avions grandement besoin, car depuis deux
jours nous étions presque à jeun, à part quelques débrouil-
lards qui avaient pu se procurer des aliments entre les dif-
férentes phases de ces quarante heures de marches et de
batailles. Ces excellents fromages de gruyère qui nous étaient
envoyés par le brave curé d'Offemont ! Ces petites pommes
de terre cuites à l'eau, disputées aux porcs dans leurs auges !
   Nous avions appris aussi, qu'aussitôt arrivés aux Forges
et, munis de nouvelles cartouches, nous devions être repor-
tés en avant pour reprendre l'offensive, lorsque le com-
mandant supérieur ayant été mis au courant du mouvement
de l'ennemi de Roppe sur Vétrigne, sur Eloye et sur le
Valdoie, avait décidé de faire rentrer à Belfort, puis de les
envoyer au Mont, près du village d'Essert, les quatre pre-
mières compagnies du bataillon et de laisser les quatre der-
nières aux Forges, sous les ordres du commandant Dtiringe,
pour observer le pied de l'Arsot et défendre les routes du
Valdoie et d'Offemont ; l'absence totale d'artillerie de cam-
pagne interdisant à Denfert d'engager l'action en dehors des
villages défendus par le canon de la place.
   Mais, en vérité, que nous importait bien tout ceci ?
Nous étions ce jour-là heureux et contents, tout à la joie :
le premier bataillon des Mobiles du Rhône était porté à
l'ordre du jour !
                                         Joseph BERGER.